ART | EXPO

Jeff Koons, la rétrospective

26 Nov - 27 Avr 2015
Vernissage le 26 Nov 2014

Quelque cent sculptures et peintures composent cette rétrospective. Construite sur un mode historique et chronologique, elle met en évidence les différents cycles du travail de Jeff Koons, depuis les premières pièces s’appropriant l’art de leur temps, aux œuvres actuelles dialoguant implicitement avec l’histoire de l’art classique.

Jeff Koons
Jeff Koons, la rétrospective

Si Jeff Koons a fait l’objet de maintes expositions, présentant tantôt des ensembles précis de son travail, tantôt des sculptures spécifiques dans des environnements historiques donnés, aucune exposition n’a rassemblé son œuvre en un parcours exhaustif et chronologique, couvrant l’entièreté de sa production.

Quelque cent sculptures et peintures composent cette rétrospective qui suit tous les jalons de la carrière de l’artiste. Conçue en collaboration avec le Whitney Museum of American Art, qui l’a présentée à New York du 27 juin au 19 octobre 2014, l’exposition «Jeff Koons, la rétrospective» du Centre Pompidou invite le visiteur à poser un regard débarrassé de préjugés sur l’œuvre d’un artiste parmi les plus célèbres et les plus controversés de notre temps, que Bernard Blistène, directeur du musée national d’art moderne et commissaire de l’exposition parisienne, considère comme «le dernier des Pop».

Venues de toute part, les œuvres exposées au Centre Pompidou sont devenues des icônes du temps présent: les aquariums de la série «Equilibrium» (1985), Rabbit (1986), Michael Jackson and Bubbles (1988) ou Balloon Dog (1994-2000) ont gagné une immense popularité et marqué la culture visuelle contemporaine.

Construite sur un mode historique et chronologique, la rétrospective met en évidence les différents cycles du travail de l’artiste, depuis les premières pièces s’appropriant l’art de leur temps, aux œuvres actuelles dialoguant implicitement avec l’histoire de l’art classique. Elle met en évidence la cohérence du travail de l’artiste et ses lignes de force, en même temps que la diversité et la richesse de sa force créatrice. L’œuvre de Jeff Koons s’est imposée au fil de différentes séries. Fragiles jusqu’au dérisoire, les premiers «Inflatables» ont cédé le pas à des assemblages cherchant une synthèse entre Pop art et Minimalisme, comme ceux de la série «The New».

Avec les séries suivantes, Jeff Koons jette son dévolu sur l’iconographie de la culture de masse, porteuse du rêve américain et de ses fantasmes. Ainsi, la série «Luxury and Degradation» (1986) duplique les stratégies publicitaires déployées par les grandes marques, tandis que «Banality» (1988) fait la part belle à une imagerie populaire, mêlant rêves enfantins et suggestions érotiques à différents «hits» de l’histoire de l’art.

Jeff Koons revendique alors la réalisation d’artefacts glorifiant le goût des classes moyennes américaines, dont il se présente inlassablement comme le porte-parole. Subversive et scandaleuse, Made in Heaven (1989-1991) brouille la frontière entre Jeff Koons et son personnage à travers des mises en scène résolument pornographiques, offrant à l’artiste et à son égérie matière à de multiples représentations. Jeff Koons devient alors «l’enchanteur pourrissant» d’une société où se mêlent confusément rêve et illusion, idéaux collectifs et violence.

Ayant éprouvé la monumentalité avec Puppy (1992) et Split Rocker (2000), Jeff Koons se confronte à l’espace public. Avec la série «Celebration» (1994), et notamment le célèbre Balloon Dog, il atteint un paroxysme technique et porte à son apogée la transfiguration d’objets triviaux en formes sculpturales accomplies, rutilantes et gonflées.

De fait, l’idée du gonflable traverse tout l’œuvre de Jeff Koons, comme en témoignent les séries «Popeye» (2003) ou «Hulk Elvis» (2007), que l’artiste fait réaliser en acier inoxydable à l’instar de l’emblématique Rabbit qui aura tant contribué à sa notoriété.

D’Easyfun (1999-2003) à Antiquity (2009-2014), Jeff Koons fait la part belle au devenir image de la peinture. Utilisant le collage, il rassemble sur une même surface des éléments hétérogènes qu’il fragmente et stratifie. Plus que jamais, une large place est accordée aux stéréotypes américains — grands espaces, excès de nourritures industrielles, super-héros et autres personnages de bande dessinée — stéréotypes auxquels Jeff Koons entremêle des références plus personnelles, allant de graffitis enfantins aux standards de l’art antique. Ainsi de ses derniers «Gazing Balls» (2013) qui juxtaposent des ornements de jardin à des moulages en plâtre de chefs d’œuvre de l’art classique.

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