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James Casebere

PMarguerite Pilven
@12 Jan 2008

Photographies de grand format prises en contre-plongée immergent le spectateur de plain-pied dans des intérieurs architecturaux hispano-mauresques. Mais la réalité s’avère être une reconstitution totale de l’artiste, réalisée en studio.

Le photographe américain James Casebere réalise depuis plus d’une trentaine d’années un travail portant sur les intérieurs architecturaux. Aucune présence humaine ne vient troubler la rigueur de ces espaces que Casebere anime par un jeu sophistiqué de clairs-obscurs. Les prises de vues de grand format font entrer le spectateur de plain-pied dans ces intérieurs.
Un point de vue en contre-plongée et la mise en valeur de la profondeur de champ encouragent cette immersion complète dans ce qui est en réalité une reconstitution totale de l’artiste, réalisée en studio.

La démarche ne consiste pas tant à tromper le regard qu’à contrôler totalement l’espace et la lumière pour obtenir des ambiances fortement théâtrales. Casebere raconte s’être intéressé à l’architecture hispano-mauresque en raison d’une actualité politique traversée par des conflits reposant sur l’intolérance religieuse. A ce titre, l’Empire hispano-mauresque de l’époque médiévale apparaît à ses yeux comme paradigmatique de nations qui ont su non seulement coexister dans la paix mais également engendrer une culture hybride d’une grande richesse.

La fabrication de lieux fictifs permet d’ailleurs à Casebere de créer des décors dont la résonance sacrée explicite ne renvoie à aucune religion particulière. L’artiste semble n’avoir extrait que les caractéristiques communes de ces édifices propices au recueillement et à la méditation. C’est cependant sur leur caractère inhabité qu’il insiste. Portes entrebâillées ponctuant l’espace de trouées obscures et sols recouverts de nappes d’eau sont autant de signes de cette désertion.

La somptuosité de ces lieux autrefois destinée à fédérer des peuples autour d’une croyance et qui contribuait fortement à asseoir leur pouvoir de conviction est ici réduite à l’état de vestige dérisoire. Ces intérieurs semblent voués à périr sous les eaux de l’indifférence et de l’oubli. C’est heureux pour les photographies qui se dotent ainsi d’une forme de provocation les sauvant in extremis d’une semblable destinée… 

James Casebere
— Yellow Hallway 2, 2001-2003. Tirage chromogénique sur plastique transparent. 181 x 227 cm.
— Spanish Bath (vertical), 2003. Tirage chromogénique sur plastique transparent. 229 x 182 cm.
— La Alberca, 2005. Tirage chromogénique sur plastique transparent. 183 x 228 cm.
— Abadia (f/LL), 2005. Tirage chromogénique sur plastique transparent. 152 x 122 cm.
— Dorm Room, 2003. Tirage chromogénique sur plastique transparent. 122 x 152 cm.
— Wrap Around Window, 2003. Tirage chromogénique sur plastique transparent. 122 x 152 cm.
— Maghreb, 2005. Tirage chromogénique sur plastique transparent. 122 x 152,4 cm.
— Classroom, Casa del Fascio, 2005. Tirage chromogénique sur plastique transparent. 122 x 152 cm.
— Nineveh, 2004. Tirage chromogénique sur plastique transparent. 122 x 152 cm.

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