Interfuit

David Claerbout
Interfuit

«Interfuit: il a été là (…) il a été absolument, irrécusablement présent, et cependant déjà différé.» Roland Barthes, La chambre claire.

Lorsque l’on aborde le thème de la manipulation numérique, il est généralement supposé la présence au préalable d’un original non manipulé. Aussi, la conséquence de cette affirmation nous a conduit à comprendre l’image photographique comme un produit non remanié offert directement par la nature et la grâce du médium.

Le processus d’authentification mutuelle entre l’appareil photographique et le sujet face à l’objectif a ainsi mené à l’établissement d’une culture visuelle globale. Ou tout du moins le fut jusque récemment. L’impact de cette désillusion ne peut cependant pas encore être mesuré, bien que nous puissions affirmer que nous préconcevons l’image photographique avant même de regarder ou de la créer. Ce qu’il nous reste c’est toujours le souvenir d’une photographie, accompagné d’un peu de son potentiel fictionnel. Mais bientôt sa potentialité d’image s’exprimera dans une construction possible dans laquelle nous pourrons fonder une nouvelle croyance.

Les trois œuvres présentées pour cette exposition se différencient toutes fondamentalement les unes des autres. La raison de cette différenciation se situe indubitablement dans le fait que l’œuvre Travel la plus récente présente l’une des premières recherches de David Claerbout (1996). Elle peut en effet être considérée comme une œuvre préliminaire. Oil workers… tente pour sa part de rassembler un récit politique au sein d’une étude impressionniste — une mission quasi impossible si elle ne s’inscrivait pas dans une durée propice à sa compréhension —, alors que Highway Wreck présente une allégorie de l’inattention et de l’oubli.