ART | EXPO

In_Perceptions

24 Sep - 09 Déc 2011
Vernissage le 23 Sep 2011

Ces trois artistes créent des installations comme autant d'expériences physiques pour l'esprit: les pièces de Ann Veronica Janssens attirent la lumière aux limites de l'éblouissement et de la perte de soi, Leandro Erlich provoque le vertige par des inversions d'architectures familières, Lawrence Malstaf fait vivre la coïncidence et le chaos.

Leandro Erlich, Ann Veronica Janssens, Lawrence Malstaf
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Leandro Erlich, Ann Veronica Janssens et Lawrence Malstaf ont en commun le plaisir du corps en jeu et font ainsi découvrir que l’esprit n’est pas le seul maître du «je». Au Centquatre, ils exposent ensemble pour la première fois, chacun deux Å“uvres.

Les créations de Leandro Erlich, quasi-architecturales, jouent avec les miroirs, les doubles fonds et les effets de trompe-l’Å“il pour modifier les perceptions de la réalité et créer des espaces insolites. L’artiste argentin détourne ainsi les éléments banals du cadre urbain pour agir sur l’inconscient du public et happer les passants. La fascination pour l’infini que ses Å“uvres engendrent donne à celles-ci une dimension spectaculaire, tandis que les multiples possibilités de participation du spectateur les rendent ludiques. Il s’agit alors de véritables expériences collectives.

Créée pour la Nuit Blanche parisienne de 2004, Bâtiment, Å“uvre monumentale et vertigineuse joue sur un effet de miroir qui donne l’impression que le bâtiment réfléchi est en position verticale. Le public est invité à marcher sur l’Å“uvre, à s’y accrocher. Il a ainsi le sentiment d’y «grimper» sans effort, ignorant les lois de la gravité. Changing Rooms est la copie d’un environnement familier, faisant partie de notre vie quotidienne. Mais une fois entré dans la cabine d’essayage, le visiteur voit se brouiller les frontières entre la réalité et les représentations, et se trouve projeté dans un espace étrange dont les paramètres auraient été modifiés. Les perceptions du monde réel du visiteur sont ainsi transformées.

Avec une grande économie de moyens (fluides impalpables, gaz, ondes sonores et lumineuses, éléments aqueux), le travail de Ann Veronica Janssens ne montre rien mais incite le visiteur à voir: ses installations l’immergent dans des brouillards artificiels et colorés qui remettent en question leurs habitudes en matière de perception et d’orientation. Son Å“uvre défie l’échelle du temps et de l’espace, lutte contre la tyrannie des objets, et poursuit la longue tradition de l’histoire de l’art, selon laquelle l’artiste véhicule les dernières découvertes scientifiques et procure ces moments sublimes et oniriques aux visiteurs.

Son oeuvre Muhka figure une grande salle blanche, baignée par une source de lumière naturelle retient un brouillard dense. Tout obstacle, matérialité, résistance contextuelle disparaît, la perception du temps et de l’espace se trouble, les repères vacillent, le temps semble ralentir, la couleur est détachée de tout support visible. L’opacité colorée et lumineuse renvoie à la surface des yeux, à un espace intérieur qui ouvre sur d’autres perspectives. Pénétrer dans un espace blanc cotonneux où la visibilité est restreinte à quelques centimètres puis se déplacer avec moult précautions dans un lieu devenu inconnu et sans limite, c’est faire l’expérience très personnelle de la question du déplacement, du temps et de la perception corporelle et non uniquement visuelle. Puis, dans une salle plongée dans l’obscurité, un cône de lumière oscille lentement, noyé dans une brume légère. Ann Veronica Janssens crée une Å“uvre dans l’espace, immatérielle, une forme pure où les sens s’égarent, où le brouillard vient perturber la vision et dessiner dans l’espace des arabesques de lumière. Représentation d’un corps rond (1996) marque une nouvelle étape dans sa volonté de reculer les limites de la perception, ici proche de l’hypnose. Passé le seuil d’une pièce fermée, le spectateur s’y trouve ébloui par le faisceau puissant d’un projecteur.

Entre arts plastiques et arts numériques, sciences et technologie, les installations monumentales de Lawrence Malstaf, cette artiste belge, prix Ars Electronica 2009,  placent le spectateur au centre de l’Å“uvre et lui font vivre une expérience à la fois physique et sensorielle. Ces machines mobiles créent un univers fait d’illusions d’optique où le regard transforme les objets en les rendant vivants. Ses dispositifs sollicitent des sens négligés, la peau, les oreilles, l’équilibre, la vision, la respiration.

Mirror (2002) est une installation en apparence simple mais qui interroge l’identité et le rapport au corps. Un fauteuil fait face à un miroir. On finit par rompre ce face-à-face avec soi-même en pressant un bouton rouge qui provoque un mouvement imperceptible du miroir. Celui-ci finit par subir des vagues violentes, qui altèrent la vision de soi-même. Avant de disparaître totalement, notre corps devient sa propre trace, un ectoplasme fantastique proche des autoportraits de Bacon. Shaft joue sur une combinaison de relaxation et de stress, de calme et de danger. Le visiteur, enfoncé dans un lit moelleux, regarde avec inquiétude les assiettes qui lévitent au-dessus de sa tête, aspirées dans une colonne en plastique jusqu’à ce qu’elles se percutent et que la porcelaine vole en éclats dans un fracas effrayant, sans dommage. Les assiettes tombent alors juste au-dessus de la tête du visiteur sur du verre blindé.

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