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In Memorial of Albert Hofmann 1906-2008

29 Jan - 21 Mar 2009
Vernissage le 29 Jan 2009

Les travaux de Mathieu Briand offrent un voyage hallucinatoire dans lequel tous les sens sont mis à l’épreuve. Ils nous confrontent avec une réalité en mouvement constant, dans laquelle les dimensions spatio-temporelles se déforment.

Communiqué de presse
Mathieu Briand
In Memorial of Albert Hofmann 1906-2008

Cette exposition en hommage à Albert Hofmann, disparu en 2008, offre un voyage hallucinatoire dans lequel tous les sens sont mis à l’épreuve. En revendiquant l’activité artistique comme un cosa mentale par excellence, Mathieu Briand développe des parallèles possibles entre le fameux inventeur du Lsd et les artistes comme Marcel Duchamp et Leonardo da Vinci.

Quel est le point commun entre la technique du sfumato, le concept duchampien de l’inframince et la théorie physique de la supersymétrie unifiant matière, énergie et espace-temps ? D’après Mathieu Briand, tous ces concepts supposent, de manière différente, la présence de la force qui lie les éléments hétérogènes.

Ainsi, l’artiste retrouve dans cet « entre-deux » un puissant espace mental, territoire exploré au cours de son projet.

Témoignant l’état de la « conscience modifiée », les œuvres de Mathieu Briand nous confrontent avec une réalité en mouvement constant, dans laquelle les dimensions spatio-temporelles se déforment et nous immergent dans le flux des illusions estompées.

Pour découvrir tout le potentiel de cette réalité métamorphosée, il nous faudra suivre le conseil de l’artiste : « seule la porte compte, et non les deux espaces qu’elle sépare ».

« Nosytanga, le 8 Novembre de l’année 2008
Cher Albert,
Je vous écris, maintenant que la réalité vous a rattrapé, que vous êtes parti. Il faut dire qu’elle aura attendu un moment. Mais n’êtes-vous pas simplement passé à travers l’une de ses nombreuses portes ?

Peut-être y aurez-vous d’ailleurs croisé mon amie Caroline ? Elle avait voulu voler avec Superman, mais ce dernier lui lâcha la main. Elle est allée s’écraser sur le capot d’une voiture, elle n’y a pas réchappé. L’incroyable avec Superman, c’est que non seulement il ne l’a pas faite voler, mais il s’est lui-même crashé dans la réalité : une boucle s’est formée entre deux temps et deux espaces, transformant ces deux destins finis en une histoire infinie.

Je ne pouvais imaginer une seconde que les lèvres que j’avais embrassées la veille allaient s’entrouvrir pour laisser se glisser ce funeste destin. Je ne pouvais imaginer que ce baiser serait le dernier, que cette salive dissoudrait la dernière étoile.

Quoi de plus beau qu’un baiser d’amitié, qu’une tendre étreinte d’ados effrayés – car voilà ce que nous étions : effrayés. Toi, tu as sauté et nous, on est restés là. Et tu as changé à jamais mon destin. Les héros, ce soir-là, pour moi, sont morts avec toi. L’infinité de l’imagination est, potentiellement, autant source de plaisir réel que de douleur inutile.

Voilà ce qui résume pour moi votre invention.

Je suis parti en campagne pour comprendre. Lutter et avancer avec votre substance, voilà toute la difficulté, toute la contradiction. C’est une lutte où nous sommes notre propre ennemi, où la solution se trouve en soi, dans la blessure de la balle que l’on s’inflige.

J’y suis allé, seul à savoir ce qui me guidait. Je ne me suis pas économisé ni économisé mes troupes. On a tous payé, et vous savez combien l’addition est lourde. Et puis, comme toute lutte armée qui se respecte, le temps de la réflexion est arrivé et les armes ont été déposées, transformées.

Nous avons alors décidé de disséminer cette subversion dans la société, non par l’affrontement mais dans un accompagnement, dans une simulation. Nous ne pouvions faire tourner la terre à l’envers – la perception de cette dernière, peut-être. Par chance, des guides avaient laissé derrière eux quelques voies sur la paroi vertigineuse de la conscience.

Le sfumato, l’inframince, ou encore la supersymétrie, m’ont aidé à conceptualiser les contradictions apparentes de cet accident, et à comprendre que le mouvement, l’énergie lient l’ensemble. Ce qui importe n’est pas tant la différence entre deux choses mais l’espace mental qui s’ouvre dans cet entre-deux.

Cosa mentale, cosa mentale, cosa mentale, cosa mentale, cosa mentale, cosa mentale, cosa mentale, cosa mentale, cosa mentale

Une ligne floue est une ligne qui bouge.

Et puis, comme eux, votre substance s’est détachée de sa fonction initiale pour s’incarner en une simple puissance évocatrice. La réalité a pu alors vibrer, se détériorer, et malheur à ceux qui n’y ont pas été préparés.

Cosa mentale, cosa mentale, cosa mentale, cosa mentale, cosa mentale, cosa mentale, cosa mentale, cosa mentale, cosa mentale

Seule la porte compte, et non les deux espaces qu’elle sépare, car quand l’un est ouvert, l’autre est automatiquement fermé. Je reste là dans l’embrasure de la porte. Je ne bouge plus, je ne respire plus. Tout cela pour moi est terminé.

Je suis là et je pense à toi, ma Caroline blottie au fond de mon cœur.
Prenez soin de mon amie. Au revoir et merci. »

Mathieu Briand

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