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Iconoclastie. En l’état, 13 juillet 1999-aujourd’hui

31 Jan - 22 Mar 2014
Vernissage le 30 Jan 2014

L’image est au cœur de la pratique de Franck Gérard, qui s’en empare, la déforme ou encore la détruit pour créer de nouveaux points de vue. A travers ses œuvres, il questionne la représentation du corps dans notre société contemporaine et la limite entre le corps sujet et le corps objet.

Franck Gérard
Iconoclastie. En l’état, 13 juillet 1999-Aujourd’hui.

Avec «Iconoclastie», Franck Gérard s’expose aux autres. Un acte volontaire mais également difficile et violent. Il livre ainsi son corps tatoué sur le carton d’invitation car, cette exposition parle avant tout du corps. Celui qui se prête à l’exercice du portrait, celui qui est marchandise, le visage que l’on «re-figure » ou encore l’autre qui se déplace dans la rue. Justement, un homme est debout dans la rue, il se regarde dans un miroir; il parle à son image, l’air agité, aveugle au reste du monde. Tout commence donc par un être humain se comportant dans l’espace public comme dans un espace privé. Il est spectateur, de lui-même; nous sommes tous des spectateurs du réel.

La plupart des images ont déjà été présentées dans d’autres lieux, mais ici l’artiste s’en empare, les transforme, les déforme ou encore les détruit et produit de nouveaux points de vue, de nouvelles focales. L’essence des images s’en trouve ainsi défigurée, désacralisée, réinterprétée. Dans ses portraits, les visages s’effacent par l’intermédiaire du feu ou du champ opératoire. Le droit à l’image n’a plus lieu d’être, les êtres redeviennent anonymes. L’artiste convoque ici les fantômes des images qui le hantent. A côté, des paysages se recentrent; l’attention se concentre sur un nouveau focus. Le point de focale fait désormais partie intrinsèquement de la photographie.

Puis, nous sommes confrontés à des affichages dans l’espace public; extraction du réel tentant de prouver l’incapacité de ce monde à se détacher de l’idée que le corps de la femme est un objet. Comme des clones, elles se démultiplient à chaque coin de rue; nous en prenons la mesure puis, peu à peu, l’aveuglement et la banalité prennent le dessus sur notre discernement.

L’image est partout, elle nous a envahis. Essayez de passer une journée sans voir aucune image… Nous sommes définitivement entrés dans le règne de l’image; elle est devenue religion. Où se trouve donc l’indécence? Dans notre regard, notre esprit ou à travers ces multiples représentations que l’on nous impose, quotidiennement?

Dans la cave nous sommes accueillis par des lumières rouges, à l’instar des lampes inactiniques du laboratoire photographique mais aussi du «bordel» où une projection de captures d’écran d’ordinateur préfigure une nouvelle histoire de l’art à travers la peinture et ce qu’est le Nu aujourd’hui. Intérieurs bourgeois, peintures au mur, Van Gogh, Warhol, De Vinci, Kandinsky, Monet, ou d’autres anonymes, servent de décor à un invraisemblable déballage de viande glauque qui sont le pendant des publicités sexistes.

En haut de l’escalier, «En l’état» se déclare tel qu’il est, mouvant tel un magma dégoulinant d’un volcan, multiple et invasif, rugueux, sans concessions; une série d’images poétiques et engagées, une volonté d’être au monde.

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