ART | EXPO

Icônes du temps présent

12 Oct - 09 Nov 2013
Vernissage le 12 Oct 2013

Les œuvres choisies dans cette exposition, organisée à l’occasion de la sortie des écrits de Michel Journiac, instaurent un dialogue avec les Icônes du temps présent, série réalisée par l’artiste en 1988. Echo visuel du mystère de l’incarnation, l’icône a toujours entretenu des rapports complexes avec la notion de représentation.

Mohamed Ben Slama, Baptiste Debombourg, Guillaume Dimanche, Michel Journiac, Laura Lamiel, Claude Lévêque, David Marin, Axel Palhavi, Illés Sarkantyu
Icônes du temps présent

A l’occasion de la sortie des écrits de Michel Journiac aux éditions des Beaux Arts de Paris, j’ai été invitée à concevoir cette exposition. Les œuvres choisies instaurent un dialogue avec les Icônes du temps présent, série réalisée par Michel Journiac en 1988.

Echo visuel du Mystère de l’incarnation, l’icône a entretenu des rapports complexes avec la notion de représentation. Elle est tour à tour décrite par ses défenseurs comme une «image-indice», une «image-signe» ou une «image d’image».

Les Icônes du temps présent transgressent l’image-signe, séparée d’avec ce qu’elle représente. La photographie qui est empreinte de lumière est physiquement liée à son modèle, comme les traces visibles sur le Saint-Suaire, obtenues par contact avec le visage du Christ. Une «icône écrite avec du sang», d’après la légende de Sainte Véronique.

Le sang de Michel Journiac s’étale également à la surface de ses Icônes. Il se mêle à leur couche d’or qu’il souille et chauffe de l’intérieur. Son action iconoclaste rappelle que l’enjeu de l’icône se situe, justement, à l’endroit de sa superficialité; dans sa nature intermédiaire, sa vocation à se tenir en retrait des choses du monde; à mi-chemin de la chair transitoire et du divin.

Reprenant cette question de la relation établie avec le modèle, ou l’image originale, cette exposition s’articule autour du «visible» et de la surface sensible qui l’accueille ou le réfracte. Les notions de graphe et d’inscription; d’empreinte, de ressemblance et de spécularité la traversent. Elles confrontent plusieurs degrés de visibilité, en lien avec le corps: de son reflet à son incarnation ou à sa suggestion en creux, sous la forme d’un corps absent. Dans son retrait, l’icône permet au regardeur d’advenir en tant que sujet; contrairement à l’idole qui impose sa présence pleine et l’assujetti. L’iconoclaste n’attaque pas l’image pour elle-même, mais pour ce que son interprétation surnaturelle génère d’adoration aveugle ou d’hébétude.

Un dernier point sur ce qui a motivé le rapprochement de ces œuvres: toutes privilégient l’«ici et maintenant» en impliquant le spectateur. Iconoclastes et iconodoules se rejoignent sur l’essentiel, un combat contre la passivité qui est aussi celui de Michel Journiac. Sa réflexion intempestive sur le genre n’est-elle pas pleinement manifeste en se posant à chacun sous la forme du «mariage pour tous»?

La révolte de Michel Journiac contre le corps assimilé par le contrat social s’est exprimée dans une affirmation absolue du désir. Pour qui la vit, l’icône suspend le temps de l’histoire. Elle lui oppose un présent qui est celui de la croyance et de l’amour.

Marguerite Pilven, juillet 2013

Vernissage
Samedi 12 octobre 2013

AUTRES EVENEMENTS ART