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Horizon Mural

22 Jan - 28 Fév 2015
Vernissage le 22 Jan 2015

Si les travaux que Pascal Pinaud désigne du terme générique de dessins contribuent, à la manière de «prototypes», à la conception des grands formats, ils n’en définissent pas moins un corpus autonome. Depuis l’hiver 1989-1990, plus de quatre cents dessins ont ainsi alimenté une vingtaine de séries. On en découvrira ici une sélection.

Pascal Pinaud
Horizon Mural

Les œuvres sur papier de Pascal Pinaud laissent découvrir un lieu complexe d’élaboration au sein duquel s’éprouvent nombre de questions attachées à l’ensemble de sa production. Pourtant, si les travaux que l’artiste désigne du terme générique de dessins contribuent, à la manière de «tests» et de «prototypes», à la conception des grands formats, ils n’en définissent pas moins un corpus autonome, se donnant comme une œuvre dans l’œuvre, qui consiste en l’exploration per se des possibilités que le travail révèle dans le cours de son effectuation.

Depuis l’hiver 1989-1990, plus de quatre cents dessins ont ainsi alimenté une vingtaine de séries. Fondée sur le développement de chantiers ouverts, conduits de front, une telle démarche allie l’esprit de suite à l’improvisation, en vertu d’un opportunisme franc et fécond.

«Mon travail évolue au gré des circonstances, souligne Pinaud. Il se nourrit du contexte, des lieux, des événements et des rencontres. Tout me va et je ne m’interdis rien a priori».

Outre l’inventivité procédant de cet éclectisme méthodique, on peut y reconnaître la volonté constamment reconduite de déjouer les effets de style et autres marques de signature. Ne découlant jamais d’études préliminaires, les dessins engendrent en revanche de nouvelles productions. Des années après leur élaboration, certains d’entre eux inspirent de nouvelles séries de travaux sur papier et de grandes peintures.

Or l’attachement de l’artiste aux effets à long terme et aux temps de latence n’affecte en rien la manifestation, dans chacune de ses réalisations, d’une suite de décisions dont la netteté et la cohérence outrepassent l’idée commune de mise en œuvre pour suggérer un ensemble d’expériences possédant un caractère unitaire affirmé. Malgré la modestie des formats, ses dessins s’offrent ainsi comme des réalités achevées, capables d’exemplifier des situations particulières et de mettre en évidence, par continuité ou par divergence, les conditions de possibilité de travaux à venir.

Afin de cerner les règles d’unité, d’autonomie, de lisibilité et de diversité auxquelles obéissent, chez lui, les procédures de production, Pascal Pinaud se réfère significativement à la notion d’acte. S’agissant des liens que sa pratique entretient avec le sensible pris dans sa quotidienneté, il évoque les vertus du principe de réalité.
L’artiste apparaît en cela comme un réaliste empirique, travaillant «dans l’esprit de l’abstraction», pour citer une formule chère à son ami Noël Dolla.

Car, même si ses réalisations ne sont pas toujours ni tout à fait abstraites, les moyens qu’adopte Pascal Pinaud et les configurations qu’il élabore assument sans complexe l’héritage des abstractions historiques. La conception du dessin qui s’y fait jour n’indique en revanche aucun intérêt particulier pour les dons que l’on prête communément à ceux «qui savent dessiner», les voies de la référentialité procédant, chez l’artiste, d’un tout autre commerce avec le visible.

Fabien Faure, texte extrait de L’esprit de famille, à paraître dans Pascal Pinaud, Les dessins (Genève, Editions du Mamco, 2015).

Pascal Pinaud est né à Toulouse en 1964. Il vit et travaille à Nice.

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