PHOTO | CRITIQUE

Hiroshi Sugimoto

Vernissage le 12 Jan 2017
PMuriel Denet
@12 Jan 2008

L’œuvre de Hiroshi Sugimoto est empreinte du raffinement et de la somptuosité de ses grands tirages noir et blanc, fruits d’un rigoureux travail sur le dispositif photographique, mis en œuvre de manière sérielle dans une confrontation frontale au réel.

Ainsi en est-il de ses fameuses photographies d’écrans luminescents qui révèlent le décorum enguirlandé de stuc des théâtres américains, reconvertis en salles de cinéma (Theaters). Ou, encore, ses paysages marins, comme autant de jonctions incertaines de l’eau et du ciel, prélevées aux quatre coins du globe, et dûment légendées des noms, devenant tout à coup incongrus, que l’histoire et la géographie leur ont attribués (Seascapes).

La nouvelle série exposée chez Marian Goodman est plus épurée et silencieuse que jamais. Cependant, c’est d’abord un effet de décentrement qui surprend et trouble. Les grands tirages veloutés agissent comme s’ils étaient des prélèvements, majestueusement décadrés, de la galerie elle-même. D’un blanc immaculé, pans de murs, piliers, coffrages et angles modèlent l’image. Il s’agit en réalité de l’intérieur d’une maison japonaise que Sugimoto a fait enduire du Shikkui traditionnel, choisi pour l’homogénéité parfaite de sa blancheur.

Ce matériau architectural lui permet d’observer et de capter la lumière dans ses infimes retraits. Pour la première fois, Sugimoto a recours à la couleur. Pour la neutraliser. Une teinte légèrement chaude, identique d’une image à l’autre, creuse délicatement les ombres, sans apporter pour autant la moindre information quant à la qualité de la lumière extérieure qui pénètre par des baies maintenues hors-cadre, ni sur le temps qu’il fait, l’heure ou la saison. Dès lors, ces compositions d’aplats géométriques, verticaux ou fuyants, vibrantes de sérénité, tendent vers une abstraction éthérée, sans jamais s’y perdre pourtant.

Le réel adhère obstinément à l’image, qui, elle-même, reste en dialogue sensible avec l’espace de la galerie. C’est cette brèche, entre ce qui se donne et ce qui fuit, la matière et la lumière ou le temps, que traque sans relâche la chambre noire affûtée du maître Sugimoto.

English translation : Laura Hunt
Traducciòn española : Santiago Borja

Hiroshi Sugimoto
— Colors of Shadow C1016, 2006. Impression pigmentaire. 135 x 106 cm.
— Colors of Shadow C1017, 2006. Impression pigmentaire. 135 x 106 cm.
— Colors of Shadow C1018, 2006. Impression pigmentaire. 135 x 106 cm.
— Colors of Shadow C1019, 2006. Impression pigmentaire. 135 x 106 cm.
— Colors of Shadow C1029, 2006. Impression pigmentaire. 135 x 106 cm.
— Colors of Shadow C1021, 2006. Impression pigmentaire. 135 x 106 cm.
— Colors of Shadow C1023, 2006. Impression pigmentaire. 135 x 106 cm.
— Colors of Shadow C1024, 2006. Impression pigmentaire. 135 x 106 cm.
— Colors of Shadow C1025, 2006. Impression pigmentaire. 135 x 106 cm.
— Colors of Shadow C1026, 2006. Impression pigmentaire. 135 x 106 cm.
— Colors of Shadow C1027, 2006. Impression pigmentaire. 135 x 106 cm.
— Colors of Shadow C1020, 2006. Impression pigmentaire. 135 x 106 cm.
— Colors of Shadow C1030, 2006. Impression pigmentaire. 135 x 106 cm.
— Colors of Shadow C1031, 2006. Impression pigmentaire. 135 x 106 cm.
— Colors of Shadow C1028, 2006. Impression pigmentaire. 135 x 106 cm.
— Colors of Shadow C1032, 2006. Impression pigmentaire. 135 x 106 cm.
— Newspaper Rock, 1976. Tirage argentique. 119,4 x 149,2 cm.
— Conceptual Form 007 : Generalized Helicoids with Constant Mean Curvature, 2006. Aluminium, fer. 262 cm.

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