DANSE | SPECTACLE

Accumulated Layout / Median

09 Nov - 10 Nov 2018

Cultivant une danse qui emprunte à la biologie sa logique de mouvement, le chorégraphe Hiroaki Umeda développe des soli aussi minimalistes que complexes. Gestes, vidéos, lumières et sons y forment des textures intriquées, à la limite de l'agitation moléculaire.

Chorégraphe à la lisière entre danse, science et installation audiovisuelle, Hiroaki Umeda (Cie S20) cultive les ponts. La soirée Accumulated Layout / Median (2017-2018) offre ainsi l’occasion d’une plongée dans une danse qui conjugue abstraction et poésie moléculaire. Où dans un volume scénique immersif, Hiroaki Umeda livre deux soli d’abord énigmatiques. Intriquant toutes les dimensions de ses pièces (lumière, son, danse), Hiroaki Umeda crée à partir de données biologiques digitalisées. L’observation de cellules vivantes est ce qui lui sert de matériau pour sa recherche d’un système du mouvement. Ses compositions vidéos, étincelles en mouvement bombardant l’obscurité, sont notamment créées à partir de données biologiques. Idem pour la texture sonore, crépitante. Car les données cellulaires servent ici à programmer sons et images. Pour une scénographie immatérielle et dépouillée, composée de lumière, d’ondes sonores et d’équations. Mais dans ce paysage éthéré, Hiroaki Umeda insère son corps dansant.

Accumulated Layout de Hiroaki Umeda : lumière et vibration chorégraphique

Univers électro minimaliste à mi-chemin entre infiniment petit et infiniment grand, Hiroaki Umeda n’oblitère pas l’échelle humaine. Avec son corps, il compose des dynamiques inspirées par les lois de la nature. Comme un pont entre déterminisme classique et imprédictibilité quantique. Dans Accumulated Layout (2017), Hiroaki Umeda transforme ainsi la lumière en champ vibratile. Danse pulsée, mouvements énergétiques, telle une particule, Hiroaki Umeda agite les champs visuels et sonores des spectateurs. Ni mouvement mécanique désincarné, ni narration épique : Accumulated Layout transcrit (ou rend visible) la pulsation de la matière. Un grossissement qui abolit les frontières entre animé et inanimé. Car tout est animé. La moindre particule, le moindre corpuscule vibre, n’est que vibration. Pont entre corpusculaire et ondulatoire, par son corps Hiroaki Umeda décadre la perception. À l’aune d’une chorégraphie qui ne s’arrête jamais, qui rend impossible l’anticipation des mouvements suivants.

Median : quand le corps du danseur (Hiroaki Umeda) devient agitation moléculaire

Danse frénétique, Hiroaki Umeda magnétise l’attention. Et plus le regard s’accroche aux gestes du danseur, plus se creuse l’écart entre le moment de l’action et le moment de la saisie. Toujours en avance pour l’un, dans son temps réel ; toujours en retard pour l’autre, dans son attente sensible. Et la même dynamique de mouvement se retrouve à l’œuvre dans Median (création 2018). Logique du chaos, Median déplie, déploie, contracte et éclate les structures. Quadrillages orthogonaux, diagrammes de voronoï, stries… À une vitesse vertigineuse, les trames s’enchaînent et s’enchevêtrent. D’abord immergé dans un espace audiovisuel, le danseur devient progressivement ce moment pulsatile qui focalise l’attention. Particule ni consciente, ni inconsciente : particule en mouvement, Hiroaki Umeda résonne de l’agitation du monde. Dans une forme de transe physico-chimique sans autre narration que celle du mouvement. À prescrire sans réserve aux personnes les plus réfractaires à l’abstraction scientifique.

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