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Günther Uecker

14 Sep - 15 Déc 2013
Vernissage le 14 Sep 2013

La quête de l’intensité du geste et la répétition mécanique sont essentielles dans le travail de Günther Uecker. Les clous, le bois, la pierre, la ficelle, les cendres, le latex, la toile, l’encre ou le sable, constituent les bases matérielles d’une écriture sensible considérant que «le tableau commence là où les mots s’arrêtent».

Günther Uecker

En corrélation avec la conquête de l’espace, le travail d’Enrico Castellani et Gunther Uecker présenté ensemble au Musée d’art moderne de Saint Etienne Métropole explore une dimension excédant la surface de l’œuvre et ne se limite plus à l’objet tableau ou sculpture. Ils sont les héritiers de la pensée de Lucio Fontana (1899 – 1968), qui ouvre l’œuvre par le geste radical d’entaille de la toile. L’œuvre peut devenir une installation, elle prend en compte le vide, l’espace, la lumière, le mouvement, le lieu, l’expérience du spectateur.

Au lendemain du chaos de la guerre et du vacillement de l’idée-même d’humanité, ces composants immatériels nous révèlent un rapport sensible et objectif au monde. Günther Uecker vit et travaille à Düsseldorf, en Allemagne. Avec Otto Piene et Heinz Macke, ils fondent le groupe ZERO et font table rase du passé; c’est le point de départ nécessaire pour de nouvelles recherches artistiques. «ZERO est silence, ZERO est commencement, ZERO est rond, ZERO tourne…».

La carrière de Günther Uecker s’amorce avec ses œuvres martelées de clous, caractéristiques de son rapport à la matière. Il marque, inscrit, trace et structure la matière comme on structure une pensée avec le langage. Le clou est envisagé à la fois dans ses qualités fonctionnelles d’outil et dans ses qualités esthétiques et symboliques. Le clou fixe, assemble, réunit, transperce éventuellement la chair, ou agit comme un élément qui pointe et guide le regard.

Les clous, le bois, la pierre, la ficelle, les cendres, le latex, la toile, l’encre ou le sable, constituent les bases matérielles d’une écriture sensible considérant que «le tableau commence là où les mots s’arrêtent». La quête de l’intensité du geste est aussi essentielle dans le travail de Günther Uecker. Par la répétition mécanique, l’ordonnancement et la concentration, l’artiste recherche une profondeur méditative, qui s’acquiert dans la pleine conscience du corps et la semi-conscience de l’esprit.

En effet, dans Sandmühle (Moulin à sable), œuvre réalisée en 1970, Günther Uecker matérialise une surface circulaire de sable dans laquelle des cercles concentriques sont tracés par un geste mécanique. Le spectateur est ainsi placé dans un cycle infini. L’œuvre devient la manifestation d’un temps et d’un espace, une expérience à vivre. Elle invite le spectateur à laisser errer ses pensées dans les différentes strates de l’œuvre: matérielle, symbolique, philosophique et spirituelle.

«Des actions devenues images. Au sujet du travail de Günther Uecker
Si l’on tentait de caractériser en une seule phrase les Å“uvres de Günther Uecker au contenu complexe et aux formes pleines de diversité, celle-ci pourrait ressembler à cela: ce sont des structures optiques ponctuant des suites de perceptions et de sensations individuelles, transposées sous la forme de représentations générales par des actions corporelles directes.

Deux déclarations de l’artiste viennent étayer cette affirmation, toutes deux articulent sa compréhension de la relation entre forme et contenu. En 1961, il écrivait: «Les moyens de structuration contemporains peuvent être compris comme le langage de notre existence intellectuelle». Et en 2012: «l’observateur peut percevoir comme dans ledit test de Rorschach une structure apparemment sans signification qui est portée de part mes sensations et interprétée dans sa lisibilité par l’observateur. Celui-ci doit projeter ses propres psychologismes sur ce que j’ai noté, comme un tête-à-tête optique et ressenti comme profondément psychique. Je figure à travers une structure, mes propos et mes expériences entrent en conversation avec l’observateur. Les sentiments humains, profonds, indicibles peuvent ainsi être directement partagés».

Le parcours artistique de Uecker n’est pas caractérisé par une évolution linéaire mais par une éclosion, une formulation et une différenciation permanente. Beaucoup d’éléments conceptuels tels que le point, la ligne, la structure et la rangée, la couleur blanche, noire étaient déjà présents dans l’œuvre au début et ont été réutilisés constamment de manière différente mais repose sur un fondement existentiel qui correspond aux expériences biographiques de Uecker.

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