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Guillaume Janot

PClémentine Aubry
@12 Jan 2008

Dans un refus des genres et à la limite du cliché de carte postale, des portraits et paysages qui interrogent le rapport à l’autre et à l’image.

Guillaume Janot montre ses derniers travaux dans le cadre d’une première exposition personnelle à la galerie Alain Gutharc. Refusant de se soumettre aux normes des genres photographiques, alternant portrait et paysage ou mixant l’un sur fond de l’autre et vice-versa, il photographie avant tout des lieux de passage.

De ses travaux précédents, on citera la série « Entering Belfast » de photographies de la ville sans aucun habitant avec pour seule exigence la présence sur un mur ou au sol d’une marque à la peinture semblant blanche mais en réalité bleue ou orange, signifiant indifféremment dans ces images en noir et blanc, des points de passages ou de frontière entre les communautés protestante et catholique.

Dans ce nouvel opus, les sujets sont banals, mais le point de vue est particulier et l’image souvent ponctuée d’une présence humaine absorbant le regard.
Dans deux lieux de pèlerinage, la tombe de Jim Morrison au cimetière du Père Lachaise et un angle d’Abbey Road, l’attention se focalise dans un cas sur un groupe d’adolescents agglutinés contre la tombe vus de dos, et dans l’autre sur un jeune homme japonais assis totalement immobile sur un banc tel un personnage de cire, songeur ou désabusé. Une femme au premier plan d’une photo de la tour Eiffel cache son visage dans sa veste, un faux cliché volé sur fond de paysage touristique.

Ce qui pourrait être une image sans émotion est ainsi perturbée par une atmosphère dérangeante ou par une présence à la fois banale et insolite. Une approche qui rappelle une ancienne photographie de l’artiste, vue parfaitement harmonieuse de paysage à Berchtesgaden mais qui laissait perdurer un certain malaise et pour cause : l’image était cadrée depuis le nid d’aigle d’Hitler, une présence comme suggérée à travers le regard du photographe porté sur le panorama.

Guillaume Janot joue insensiblement de différents registres. Le léger décalage avec le genre qu’il prétend adopter tient au point de vue comme dans Ludwig Castle, une image présentée sous forme de papier peint qui offre une vue cachée par les arbres, de biais et en contrebas d’un imposant château bavarois. Le regard du photographe et son intention sont palpables. De même ce portrait de la marche à grandes enjambées d’un certain « Jim », photographié en légère contre-plongée, comme un monument.

Sous une esthétique banale apparemment convenue, les images se rapprochent du genre de la photographie amateur, portrait ou paysage de carte postale, mais sont bien trop maîtrisées pour en être réellement. La composition peut sembler absente dans l’image floue — et comme ratée ! — de garçons accoudés à un comptoir de fête foraine pour tirer au pistolet.

Enfin, et pour continuer dans la parodie du cliché, une vidéo en plan fixe, en réalité présentée en boucle, montre une vue de cascade entre arbres et rochers, d’autant plus figée et artificielle, que par une ruse de montage, l’eau coule dans les deux sens, entre photo animée et vidéo inerte.

Guillaume Janot :
— Sans titre (Paris), 2004. Photo couleur sur dibond. 120 x 80 cm.
— Père Lachaise, 2004. Photo couleur sur dibond. 80 x 110 cm.
— Sans titre (stand de tir), 2005. Photo couleur sur dibond. 150 x 100 cm.
— Ludwig Castel, 2005. Lés de papier imprimé. Dimensions variables.
— Abbey Road, 2004. Photo couleur sur dibond. 80 x 120 cm.
— Sans titre (Jim), 2004. Photo couleur sur dibond. 120 x 80 cm.
— Sans titre, 2004. Vidéo en boucle.

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