ART | EXPO

Go to Thy Cold Bed and Warm Thee

18 Juin - 03 Sep 2011
Vernissage le 17 Juin 2011

«Va dans ton lit glacé et réchauffe-toi!». Cette injonction paradoxale que Shakespeare répète à l’identique dans plusieurs de ses pièces désigne l’instrument du repos comme celui de l’activité essentielle. Une exposition autour de ce thème et avec des artistes qui prennent la chambre pour motif ou sujet de leur travail.

Denise A. Aubertin, Jacques Charlier, Gérard Collin-Thiébaut, Liam Gillick, Grout/Mazéas, Peter Kogler et Franz West, Perrine Lievens, Maurin et La Spesa, Joachim Mogarra, Marko Mäetamm, Gabriel Orozco
Go to Thy Cold Bed and Warm Thee

Interroger l’espace qu’est le lit permet de visiter la place qu’il occupe dans notre imaginaire, dans nos fantasmes, dans notre histoire personnelle, dans notre vie quotidienne, elle-même tendue vers la couche dernière qui recueillera notre corps, mort. Le Frac Languedoc-Roussillon propose une exposition autour de ce thème et d’artistes qui prennent la chambre pour motif ou sujet de leur travail.

Bien entendu, la fonction première du lit étant de permettre le sommeil réparateur, doit-on pour autant le considérer comme aussi inutile que certains le prétendent? Ainsi, il n’est pas rare de voir quelques inépuisables «bons vivants» calculer le temps qu’ils perdent en dormant, comme si la part éveillée de l’existence n’était que la seule vraiment valable.

Mais, mises à part les nombreuses sortes de galipettes que l’on apprend à faire sur un lit, seul ou à plusieurs, depuis la plus tendre enfance jusqu’à l’âge de l’amour (qui est aussi, comme disait Michaux, «une occupation de l’espace», occupation bien inutile en effet, en l’espèce de galipettes!), est-il bien sûr que l’inutilité immédiate du sommeil ne soit pas ce qui fait justement sa valeur profonde? En d’autres termes, une oeuvre d’art n’est-elle pas tout aussi inutile qu’un lit? Et contempler un bel objet n’est-il pas une sorte d’activité tout aussi vaine que de rêver ou, si on ne dort pas, de se tenir allongé, le regard vers le plafond, en lisant des vers de Shakespeare? Ou en ne lisant rien d’ailleurs, mais en laissant simplement ses libres pensées remonter du fond de soi, passer par les yeux ou les craquelures du plafond et s’envoler vers nulle part.

Le lit serait donc le lieu premier de la pensée libre. «Va dans ton lit glacé et réchauffe-toi!» Cette injonction paradoxale que Shakespeare répète à l’identique dans plusieurs de ses pièces (Le Roi Lear, La Mégère apprivoisée), et qui touche probablement à la mystérieuse complémentarité du corps et de l’esprit, désigne l’instrument du repos comme celui de l’activité essentielle: se chauffer, se réchauffer. Être, c’est parvenir à se réchauffer dans un monde froid. Glacé comme un lit que, comme une exposition, le corps et l’esprit finiront par mettre à bonne température…

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