ART | EXPO

Gary et Duane

26 Nov - 20 Fév 2011
Vernissage le 25 Nov 2010

Le travail d’Ernesto Sartori n’a rien de purement «surréaliste» ou «littéraire». Il doit être pris au sérieux théorique de son incongruité même. Armé de tubes de gouache ou de stylos aquarellés fluo, il crée des surfaces de bois et des installations faites d’éléments modulaires.

Ernesto Sartori
Gary et Duane (Instantané n°79)

Dans le cadre des Instantanés présentés dans la salle Mario Toran, le Frac des Pays de la Loire invite, du 26 novembre 2010 au 20 février 2011, l’artiste récemment lauréat du prix Paul Ricard, Ernesto Sartori.

Ernesto Sartori est né à Vicenza (Italie) en 1982 et vit à Nantes depuis 2002. Lauréat du Prix de la Ville de Nantes en 2008, il a participé à l’exposition Par des rigoles, des canaux, la forme est conductrice aux Instants Chavirés (Montreuil) en 2009. Il a récemment assuré le commissariat et la mise en espace de Plus réel que l’herbe #1 (les cratères du futur) à la Zoo galerie, et fait partie du programme de résidence des Ateliers des Arques dans le Lot.

«Je pourrai essayer d’expliquer rationnellement pourquoi je m’intéresse à cette pente plutôt qu’à une autre, mais je préfère admettre que j’en suis tombé amoureux, et considérer mon travail comme une déclaration d’amour envers elle». (Ernesto Sartori)

Dans le monde imaginé par l’artiste, la complexité de l’exercice de géométrie côtoie la fantaisie des jeux enfantins. Le regard navigue sur un terrain jamais plat, et se heurte aux angles multiples et aux arrêtes aiguisées. Il glisse sur les pentes dangereuses, ou gravit les étages des modules empilés.

Ses œuvres explorent les espaces praticables comme les zones à risques. Elles peuvent évoquer, en fonction de nos références, la mise en volume des peintures cubistes, la pixellisation ou l’atomisation à une échelle gigantesque, ou encore le passage à la 3D des livres illustrés ou des bandes dessinées.

La rigueur (parfois défaillante) du triangle, rencontre sans arrêt la rondeur de la sphère, le rebond de la balle de jeu ou la planète en suspend. Face à ces maquettes aux formats démesurés, le corps hésite entre l’escalade et la contemplation, l’endroit et l’envers. L’agencement des modules chercherait parfois à rejoindre l’organisation d’un meuble de rangement, dans lequel tous les éléments du désordre seraient disposés proprement à leur place.

Les dessins, sculptures et installations d’Ernesto Sartori mettent en jeu des surfaces, des volumes et des espaces qui, par un processus de transformation du réel, construisent un univers dans lequel architectures et personnages s’organisent selon des lois qui leur sont propres, et semblent puiser leur énergie dans l’éclatement de la forme triangulaire.

Le travail d’Ernesto Sartori n’a rien de purement «surréaliste» ou «littéraire». Il doit être pris au sérieux théorique de son incongruité même. Armé de tubes de gouache, de peinture glycéro très diluée ou de stylos aquarellés fluo, il travaille principalement sur des surfaces de bois et des installations faites d’éléments modulaires.

Avec un authentique souci de rigueur présent aussi bien dans ses dessins et ses peintures, adepte d’une logique non conformiste, on peut rapprocher son univers des pratiques de Kurt Schwitters, Paul Thek, ou Robert Smithson, comme un hommage aux possibles écarts de la nature. (Cécilia Becanovic)

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