DANSE | SPECTACLE

Fauves

26 Jan - 31 Jan 2012

Michel Schweizer réunit dix jeunes gens sur un plateau pour les faire danser et chanter et parler des rêves et des tristesses de la jeunesse. Une proposition qui prend pour point de départ le sentiment d’immortalité, donnée commune à l’adolescence et l’art.

Michel Schweizer
Fauves

Tout pourrait commencer par un simple sondage: «72 % des adolescent-e-s de 18-19 ans s’estiment immortels». Oui, d’accord, c’est logique, mais qu’est-ce que ça veut dire exactement «immortels» pour eux?
Pas forcément qu’ils croient qu’ils ne vont pas mourir mais, plutôt, qu’ils savent (espèrent) qu’ils ont encore la vie à vivre: que tout est possible, immense, indéterminé.

Sur le plateau de Fauves, dernière création du quasi chorégraphe Michel Schweizer, quasi parce que Schweizer pourrait se revendiquer aussi bien homme de théâtre que des arts visuels, deux horloges vont à leur propre rythme: un peu plus vite que le temps ordinaire, ou un peu moins vite.
À chacun, au fond, selon sa vitesse.

Sur le plateau aussi, dix jeunes gens «représentatifs»: ils sont chanteurs ou danseurs ou comédiens amateurs, amateurs mais déjà très doués.
Donc ils chantent et dansent (plutôt du hip hop) et disent des textes qu’ils ont écrits et, aussi, de temps en temps, posent des questions drolatiquement agressives à deux «adultes» (deux vieux, deux mortels) qui les accompagnent et qui passent des disques ringards: des questions comme «ça fait quoi de savoir qu’on va bientôt mourir?» ou «c’était comment la vie avant le microondes?» montrant à quel point le monde devient si vite un autre monde.

«La mort, la vieillesse sont des mots dépourvus de sens, un songe, une fiction avec laquelle nous n’avons rien à voir. Il se peut que d’autres les aient subies ou aient encore à les subir ; pour nous, nous « supportons une vie enchantée », qui se rit de toutes ces vaines chimères. De même qu’en nous mettant en route pour un voyage délicieux, nous tendons d’avides regards devant nous, et ne voyons pas de fin aux perspectives qui se succèdent, de nouveaux objets se présentant à mesure que nous avançons, de même, au commencement de la vie, ne voyons-nous pas de terme à nos désirs, ni aux possibilités de les satisfaire. Nous n’avons encore rencontré aucun obstacle, aucune disposition contraire à fléchir, et il semble que nous pourrons toujours aller ainsi. Nous plongeons nos regards dans un monde nouveau, plein de vie, de mouvement, et animé d’un progrès continuel, et nous sentons en nous toute la vigueur et l’esprit qu’il faut pour rester a sa hauteur, sans discerner par aucun signe actuel comment nous pourrions être distancés dans la course, glisser dans la vieillesse et nous abîmer dans la tombe. C’est la simplicité et, en quelque sorte, le caractère abstrait de nos sentiments dans la jeunesse qui (pour ainsi dire) nous identifient à la nature et (notre expérience étant faible et nos passions fortes) nous fait nous imaginer immortels comme elle».
William Hazlitt, Sur le sentiment d’immortalité de la jeunesse, Editions Allia, 2005.

Conception, scénographie et direction: Michel Schweizer
Création lumière: Yves Godin
Travail vocal et musical: Dalila Khatir
Concepteur sonore: Nicolas Barillot
Assistante artistique: Cécile Broqua
Arrangements musicaux: Gilles-Anthonie Thuillier
Design graphique: Franck Tallon
Textes: Bruce Bégout, Vincent Labaume, Michel Schweizer, Elsa Boyaval, Pierre Carpentey, Clément Chébli, Aurélien Collewet
Avec: Robin Barde, Elsa Boyaval, Pierre Carpentey, Clément Chebli, Aurélien Collewet, Pauline Corvellec, Zahra Hadi, Lucie Juaneda, Elisa Miffurc, Davy Monteiro, Gianfranco Poddighe, Michel Schweizer

Horaire: 20h30
Durée: 1h45

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