ART | EXPO

Expression-Janus

13 Juin - 16 Août 2009
Vernissage le 12 Juin 2009

"Il faudrait avoir le courage de construire nos maisons comme des labyrinthes", disait Nietzsche. Yann Géraud, lui, construit des labyrinthes mais des labyrinthes à habiter par nos pensées. Ses objets, ses installations se veulent être des objectivations d’idées. L’artiste veut nous faire percevoir des images mentales par les sens.

Yann Géraud
Expression-Janus

Attention! cette exposition n’a pas lieu au Frac même mais à la chapelle Saint Quirin à Selestat.

L’exposition s’inscrit dans le cadre de Collections D’automne proposant, de septembre à décembre 2009, un vaste panorama des activités des Fonds régionaux d’art contemporain membres de l’association Platform.

En parallèle de l’exposition consacrée à Pierre Ardouvin, le Frac Alsace invite Yann Géraud à exposer à la chapelle Saint‐Quirin à Sélestat. Comme Pierre Ardouvin, Yann Géraud matérialise dans son oeuvre un espace de fiction et de construction littéraire. Néanmoins, il ne produit aucune image mentale. Au contraire, il fait de l’exposition un espace topographique généré par l’oeuvre elle‐même, dont la complexité des formes et des matériaux doit autant traduire une forme d’irréductibilité imaginaire du langage que de l’humain face au monde.

« En dépit des formes physiques de ses sculptures, le travail de Yann Géraud se situe peut‐être d’abord du côté de la poésie et de la création littéraire. Sa sculpture peut se comprendre et se regarder comme une tentative « d’objectiver l’esprit » : « Comment rendre compte en une forme du fonctionnement de l’esprit ? Comment le traduire honnêtement ? » La réponse plastique à ces questions très spéculatives réside pour Yann Géraud dans une fidélité aux formes complexes et à la combinatoire.

Elle tient aussi à la mise en avant continuelle du processus de création et de production, et à un réel souci de son implication physique. Yann Géraud reformule sans cesse un même commandement : montrer la manière dont les pièces sont produites, exhiber leur mode physique de fabrication : « Bien que singeant l’industrie, les formes produites ne doivent en aucun cas flirter avec une espèce de perfection.
Elles doivent montrer comment elles ont été fabriquées, humainement, de la manière la plus simple et la plus rapide, dans une implication physique totale. » Il s’agit pour lui de « préférer le charbon aux diamants ».
« Une sculpture complexe accepte en son sein toutes les pensées extérieures, contrairement à une forme simple qui pourrait s’apparenter à une forme fasciste et transcendantale. Une sculpture complexe est une sculpture généreuse qui se situe stricto sensu au niveau de l’homme, ni au‐dessus, ni au‐dessous. »

Déployant une rhétorique du combat, Yann Géraud poursuit un idéal romantique que la violence et l’ésotérisme de ses oeuvres masquent d’abord. Mais ses aspirations n’ont rien d’inactuel : elles répondent au besoin de contester la standardisation de l’humain, d’échapper aux représentations massives, au vocabulaire médiatique et contrôlé, d’élargir le point de vue ou au contraire de le contraindre excessivement. »
D’après Jill Gasparina, Erehwon P.O.V., La Salle de bains, Lyon, 2009.

Expression‐Janus:
« La pièce pour la Chapelle Saint‐Quirin à Sélestat s’appellera Expression‐Janus. Elle sera composée de trois parties.
La première, celle à laquelle on se confronte en premier lieu en rentrant dans la chapelle, est un entassement de sculptures à mi‐chemin entre la barricade, le trophée de guerre et le monument aux morts. Cette barricade bloquera le passage, empêchant ainsi le spectateur de pouvoir appréhender la totalité de l’espace. Le trophée de guerre et le monument aux morts étaient initialement construits avec les armes des vaincus trouvées sur le champ de bataille.

La barricade, elle, est mise en place avec les objets que l’on a sous la main : barrique, chaise, table, etc. Pour cette exposition, la barricade sera échafaudée avec les sculptures composant mon exposition à Lyon : Erehwon P.O.V. J’utiliserai ces sculptures comme de la matière première à l’élaboration de cet obstacle. Tout ceci sera soutenu par des planches recouvertes de rayures, comme on peut en trouver sur les barrières de chantier.

Sur la gauche et adossé au mur, se déploiera un atelier de fabrication et de stockage de maquettes de volcans. Elles occuperont toute la longueur de la salle. Je fabriquerai ces volcans directement sur place, dans la chapelle. Ils seront de différentes tailles et je veux qu’ils soient une multitude débordant presque de ce qui servira d’atelier.
Certains de ces volcans seront déjà entrés en éruption ou le seront pendant l’exposition. Cette division de l’espace entre la barricade et l’atelier devra être comme en ébullition.

Il y aura de l’autre côté de la barricade un espace plus calme : quatre modules alignés et rangés dans le coin opposé. Une espèce de camp militaire reprenant l’organisation des camps romains. Ils auront au sol la même dimension, mais leur hauteur sera différente. Le plus bas est une estrade blanche. Puis, avec un peu plus de hauteur, une table de billard servant de table d’opération, où seront disposés des schémas tactiques et des plans d’attaque.

Une tente viendra ensuite dépasser la table de billard. L’ossature de cette tente sera fabriquée en bois et sera recouverte de poliane, un film plastique translucide. Elle sera habitée par une douzaine de néons disposés au sol déployant leur lumière à travers la bâche. Tout à coté, une forêt de lampadaires d’extérieur (douze exactement) tiendra la place de ce dernier module. Ils seront eux aussi allumés. Cette partie devrait être très éclairée par rapport au deux autres, ce qui ne veut pas dire que les deux premières seront dans le noir. »
Yann Géraud, mars 2009.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par ——— sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

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