ART | CRITIQUE

Artistes de la galerie Nelson-Freeman

PMarie-Jeanne Caprasse
@12 Jan 2008

Vision d’ensemble de l’actualité des artistes de la galerie Nelson-Freeman. Dessins, photos, peintures, vidéos et installations se partagent les nouveaux espaces d’exposition du rez-de-chaussée et du premier étage.

En ce début d’année 2005, les artistes de la galerie Nelson-Freeman investissent les nouveaux espaces de la rue Quincampoix, réunissant dessins, photos, peintures, vidéos et installations. Au-delà des choix du galeriste, cette exposition témoigne de la diversité des modes d’expression de la scène artistique actuelle.

L’installation se fait sensuelle et architecturale chez Pedro Cabrita Reis, avec Some Other Time. L’artiste portugais crée un nouvel espace dans l’espace, à la manière d’une structure spatiale qui viendrait habiter le monde. Faisant se rencontrer verre, bois ancien et tube néon, il joue sur le décalage spatio-temporel provoqué par le contraste des matériaux. Avec Hélène Mirra, on retrouve un même rapport poétique à la matière. Trois planches de bois peintes ou un ruban déplié sur lequel sont tapés à la machine des passages d’un index du penseur rationaliste William James, dans ces deux œuvres très simples, presque minimalistes, quelques signes suffisent pour penser « le monde ».

Un autre axe de travail va puiser dans la société contemporaine et le pouvoir symbolique des médias. Deux œuvres mettent en perspective les comportements de l’individu dans son rapport au social : Paul’s Auto Repair de la série « Shopkeepers » de Ken Lum et Devoted de Guillaume Paris. Publicité et médias sont mis à contribution pour, chez l’un, montrer l’écart de propos entre les messages marketing et la parole individuelle, le fossé entre sphère privée et publique ; et chez l’autre, alerter sur les dangers de l’endoctrinement médiatique.

La part de l’intime, de la subjectivité, est au centre de la conception de portraits de ses amis de Didier Courbot. Dans Les Fougères (M.L.) il tire le portrait d’un individu que l’on devine féminin à partir d’objets qui le définiraient : magazines, livres, disques, vêtements, objets de décoration. Ainsi, les choses matérielles prennent un sens affectif et définissent la relation à autrui. Toujours avec un certain humour, la peinture murale de Stéphane Calais investit le bureau de Philippe Nelson. From me to US, ce drapeau américain figuré à l’envers et se répandant comme un serpent dans la cage d’escalier, est une œuvre clin d’œil à la nationalité du galeriste.

Les peintures et photographies exposées ont le point commun d’être réalisées dans de très grands formats où la forme abstraite et le jeu sur les couleurs prédominent. Chez Helmut Dorner ou Pia Fries, la peinture prend du relief et de la profondeur, la contorsion de la matière leur donnant force et énergie. Le premier travaille la laque sur un support de plexiglas, la seconde peint des motifs organiques à l’aide d’épaisses couches de peinture sur fond sérigraphié.

Côté photographies, on retrouve un Substrat de Thomas Ruff. A partir d’une image de manga japonais, il crée une photographie abstraite multicolore par le moyen de transformations informatiques de l’image de départ. Ainsi, ces photographies ne correspondent plus à une réalité reconnaissable mais expriment une émotion visuelle. L’exploration de la couleur et de sa sensualité est également au cœur du travail de James Welling. Il présente ici un photogramme de la série « Screen », grand éclat de lumière rouge, matière colorée faite d’ombre et de lumière.

Linéaire, fragmentaire, mais d’un grand pouvoir évocateur, le dessin a aussi son mot à dire, avec un ensemble de petits dessins à l’encre noire de Silvia Bächli assemblés dans une composition murale, figurant des parties de corps ou de végétaux. Ce langage fait de légèreté et d’émotion s’exprime également dans la suite des cinq dessins d’Anne-Marie Schneider qui, entre cynisme et humour, illustre le thème angoissant de la noyade.

Silvia Bächli, Twelf, 2001. Ensemble de 16 dessins.

Marie José Burki, Chicken, 2000. Vidéo sonore sur moniteur.

Pedro Cabrita Reis, Some Other Time, 2003. Table en bois, aluminium, table en verre et néon.

Stéphane Calais :
— From me to U.S, 2001-2005. Peinture murale.
— Bliss and Delight, 2004. Rodoid, encre, bois et verre.

Didier Courbot, Les Fougères (M.L.), 2004. Boîtes, magazines, lampe à poser, rosier, maquettes, objets et matériaux divers.

Helmut Dorner, Weinstock, 2003. Laque sur plexiglas.

Pia Fries, Oxana, 2003. Huile et sérigraphie sur bois.

Ken Lum, Paul’s Auto Repair, 2003. Plexiglas, aluminium laqué, peinture émail, colle, lettres en plastique.

Helen Mirra :
— Dupery, 2004. Encre sur coton.
— Group, 2004. Bois et peinture.

Matt Mullican :
— Fictional Dead People, 1991. 8 collages sur papier.
— Horizontal Chart, 2002. Cylindre en verre.
— Vertical Chart, 2002. Cylindre en verre.

Guillauma Paris
, Devoted, 2004. Vidéo permanente, couleur, muette.

Thomas Ruff, Substrat 17 I, 2003. Tirage jet d’encre.

Anne-Marie Schneider,
Sans titre, 2004. Ensemble de 5 dessins, aquarelle et encre sur papier.

James Welling, Screen #11, 2004. Photogramme.

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