ART | EXPO

Every dodo is not a tree

06 Fév - 30 Avr 2016
Vernissage le 06 Fév 2016

Le Cac Passerelle présente Every dodo is not a tree, une oeuvre de Jorge Pedro Nunez, artiste d’origine vénézuélienne travaillant à Paris. Jorge Pedro Nunez crée des installations dans lesquelles il se plait à mélanger des objets pauvres à d’autres objets, chargés de références culturelles.

Jorge Pedro Nuñez
Every dodo is not a tree

Jorge Pedro Nunez propose une installation totale, rationnelle et rationnalisée, équilibrée et organisée, qui neutralise l’espace ouvertement industriel du centre d’art contemporain Passerelle. En jargon de l’art, moderniste. C’est en effet dans le fonctionnalisme occidental fondateur d’un vingtième siècle conquérant aussi bien que dans son pendant esthétique sud-américain que Jorge Pedro Nunez puise les moteurs et ressorts de sa pratique profondément référencée. Il apparaît évident, quand on entre dans son exposition à Passerelle, que l’artiste maîtrise l’histoire de l’art qui l’a précédé et se permet d’en user et d’en abuser avec l’humour et l’irrévérence qui le caractérise.

Dans une tradition proprement latino américaine, sa démarche est empreinte d’un certain syncrétisme ou tropicalisme. Elle procède du mélange d’influences, de la collusion des univers et des registres. Jeux de combinaison de matières ou d’objets glanés, ses sculptures sont à lire comme autant de poèmes à l’intransigeance manufacturée. Quelque part entre le salon bourgeois et le hall de banque, l’installation dessine un univers élégant et concret, fait de plaques métalliques montées sur châssis, de moquette géométrique et de sculptures constructivistes dont émane une magie étrange. Le titre de l’installation, Every dodo is not a tree, évoque, certes, un arbre, mais avant tout un oiseau, victime emblématique de l’impérialisme européen désormais devenu légendaire.

Sans définir Jorge Pedro Nunez comme un artiste militant, on perçoit tout de même dans le travail de l’artiste une critique post-coloniale, aussi brute de décoffrage fusse-t-elle. Au mur, dans ses toiles métalliques sont incrustés de petits disques. En s’approchant, on s’aperçoit qu’il s’agit de boites de conserve. Au-delà de l’anecdote, celles-ci sont vues ici comme l’expression pure d’une globalisation aujourd’hui responsable des maux du monde et surtout de son sud. Il en est de même dans la sculpture Clouzot-Beckett (Picnic), réalisée en 2015: un écran diffuse une boucle extraite du Salaire de la Peur de Clouzot qui décrivait en 1953 les conditions dantesques de l’extraction du pétrole au Vénézuela.

Repères biographiques
Né en 1976 à Caracas, au Vénézuela, Jorge Pedro Nunez vit et travaille à Paris. Il a étudié à l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy où il a obtenu son DNSEP (Diplôme national supérieur d’expression plastique) en 2006. Jorge Pedro Nunez mêle objets culturels et objets pauvres provenant d’étals de marchés sauvages dans d’ambitieuses constructions/échafaudages qui sont semblables à des monuments vivants.

Vernissage
Vendredi 5 février 2016, à 18h

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