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Eric Nehr

13 Mai - 10 Juil 2004
Vernissage le 15 Mai 2004

Des passants l’attirent, il les installe dans son studio et les photographie en les dirigeant. Face à l’objectif le modèle se dépouille. Ils s’offrent, sans théâtralité. Un face à face entre deux inconnus. Un jeu de miroir. Un genre de portraits qui n’appartiennent à aucune categorie historique.

enquête d’identité d’Eric Nehr

Jean, Christine, Margaret, Stéphane, Robert, Flora : des gens, des inconnus, des jeunes et des vieux, des passants qui l’arrêtent et qu’il arrête. Pourquoi l’un plus qu’un autre ? La ligne d’une nuque, l’éclat d’une carnation, rien de plus ou plutôt si, cet instant rare, cette émotion, ce déclic qui crée le désir d’image.

Pour chacun d’eux, à chaque fois, Eric Nehr pense et peint lui-même un fond d’une tonalité subtile, en dehors des gammes standard. Dans le studio, face à l’objectif, le modèle se dépouille, mise à nu où l’être apparaît sans fard, sans maquillage ni bijoux, ni vêtement ou accessoire.
Eric Nehr dirige la pose, toujours en buste, de profil, de face ou de trois-quart, de manière à accentuer ce qui l’a appelé: l’étirement d’un cou, l’ovale d’un visage, une présence, une étrangeté. La lumière naturelle évite la théâtralisation de clair-obscurs affirmés; seul un léger flou nimbe parfois la silhouette. Malgré le parti-pris frontal, ni faux semblant ni afféterie, il émane de ces portraits d’anonymes, familièrement désignés par leur prénom, une grande douceur, une grande pudeur aussi. Le format ne cède pas à la mode du gigantisme, ni le travail à la tentation de la série, mais entretient un rapport intime de face à face. On n’échappe pas à l’énigmatique proximité avec cet autre qui s’affiche sans se dévoiler, offre la paroi lisse de sa surface dans l’éclat subtil de tons sourds, d’une matité rendue par le tirage (impression jet d’encre) où le seul écho possible est celui de sa propre voix.
En gommant tout indice géographique ou social, tout élément psychologique, Eric Nehr rend l’individu hors des repères admis et partagés par toute une communauté, depuis les bustes romains, les peintures florentines ou flamandes et ce, jusqu’aux prises de vue de Nadar et au simple photomaton.
Sans nous épargner du coup un léger malaise, car de quoi s’agit-il finalement, Eric Nehr met face à nous mêmes: quel est cet autre qui sans me voir me regarde; qui sans me dire m’interroge; qui sans contexte, sans histoire, me force à tisser la mienne? Drôle d’expérience que de constater que certains voient celui-ci alternativement triste, tendu, serein ou rêveur: image miroir de tout un chacun.

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