ART | CRITIQUE

Episode VII

PMarie-Jeanne Caprasse
@19 Mai 2008

La nouvelle série de Didier Mencoboni, «A la vitesse de la lumière», repose sur le principe de la ligne blanche appliquée sur un fond noir et répétée à l’envi jusqu’à ce que toute la surface en soit constellée. Mais les hasards des variations dans le geste créent des compositions à chaque fois renouvelées.

Didier Mencoboni s’intéresse particulièrement à la ligne et aux formes qui naissent de sa multiplication et de ses dérives. La variation d’un même motif à l’infini offrant une multitude de résultats formels.
Dans un geste qui s’étend sur seize tableaux qui paraissent s’élargir à vue d’œil, l’artiste explore ici les effets de vibrations résultant de l’application irrégulière de lignes blanches verticales sur un fond noir. L’épaisseur et la blancheur de ces lignes varient, accusant le moindre mouvement du poignet et la quantité de peinture imprégnant le pinceau.

Par ce jeu de contraintes et de hasards, Didier Mencoboni donne vie à une matière fluctuante dans laquelle le regard se perd longuement. L’effet d’optique résultant de cette accumulation de lignes laisse apparaître des ombres blanches à la surface de la toile qui créent mouvement et profondeur. Et plus le support est grand, plus ces effets cinétiques sont saisissants alors que la matière picturale ne joue d’aucun relief.
On découvrira également une version couleur de cette série, qui donne naissance à d’autres sensations visuelles, davantage proches d’un effet cartographique ou labyrinthique.

Derrière une porte, on découvre accrochée en hauteur, une œuvre d’une autre série : L’Attente. Un ensemble de petites toiles ovoïdes et sphériques déposées sur une étagère.
L’accumulation des châssis et la possibilité de les changer de place en fait une sculpture mobile qui joue sur les superpositions et les variations des angles de vision.
Sur le même principe, Didier Mencoboni a conçu Don’t Stop, œuvre dans laquelle il intègre plusieurs petites toiles de la série en noir et blanc et invite à en modifier leur disposition. Là où la série accrochée au mur présente une succession de moments de peinture, l’œuvre sur l’étagère donne à percevoir plusieurs visages d’elle-même dans un temps unique.

Didier Mencoboni n’en finit pas de jouer avec l’espace de la toile et autour de la toile. Sa peinture est systématique, toujours à l’affût de l’accident, de la variation dans la répétition, avec une conscience toute particulière des notions de ponctuation, de rythme et de respiration.

Didier Mencoboni
— À la vitesse de la lumière, 2004/2008. Acrylique sur toile.
— Don’t stop, 2008. Acrylique sur toile et métal. Dimensions variables. 50 x 16 x 230 cm
— 2001 sur 1997. Acrylique sur toile et bois. 35 x 35 cm
— L’Attente, 2008. Acrylique sur toile et bois. Dimensions variables.
— Version couleur, 2007. Acrylique sur toile et bois. 110 x 110 cm

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