ART | EXPO

Entre chien et loup

07 Déc - 02 Fév 2014
Vernissage le 06 Déc 2013

L’exposition "Entre chien et loup" présentée au 19 Centre régional d’art contemporain rassemble des œuvres d’artistes qui fondent leur travail sur la notion de doute et d’ambiguïté. Le visiteur se trouve alors confronté à des situations visuelles qui perturbent sa perception et qui l’obligent à sortir de son observation passive.

Lauri Astala, Marc Cellier, Pierre-Yves Freund, Pierre Huyghe, Claude Marguier, Mikko Paakkola, Yves Robuschi, Rosana Schoijett
Entre chien et loup

« Entre chien et loup » rassemble des œuvres d’artistes dont le travail s’attache à représenter des moments d’incertitude, des situations où la perception est inversée,  la perspective renversée. Ces artistes altèrent la réalité, en introduisant des éléments visuels, qui créent un lien entre des unités a priori indépendantes. Parfois, il s’agit de provoquer une rencontre entre des éléments qui renvoient habituellement à des univers hétérogènes l’un à l’autre.

Par la représentation de visions nocturnes, paysages urbains ou paysages naturels, les œuvres exposées évoquent des situations où le réel se situe à la frontière entre visible et invisible. Qu’il s’agisse de peintures, de photographies ou de vidéos, elles s’appuient sur un trouble de la perception. Ce trouble peut être engendré par différents facteurs: le brouillard, la tombée de la nuit, le lever du jour ou un changement de saison.

Les images campent entre le flou et le net, un peu comme des silhouettes que l’on percevrait à travers des verres dépolis. Certains des éléments évoquent parfois le contraire des contextes dans lesquels ils sont inscrits. Ils fonctionnent alors comme des contrepoints ou comme des échos d’une réalité autre. Ce léger trouble de la perception, ces inversions de point de vue et ces ambiguïtés visuelles obligent le visiteur à pressentir ou ressentir, plus qu’à percevoir et observer.

Lauri Astala s’intéresse particulièrement à notre façon d’appréhender les espaces urbains. Dans Transit, l’artiste transforme la perception de notre environnement, en jouant des mouvements de la caméra, des inversions et des retournements d’angles de prise de vue. En partant de vues d’espaces qui nous sont familiers, il utilise un mode de production et de montage d’images à caractère documentaire pour produire une vision irréelle de la ville. Cette dernière devient un espace fictionnel. L’effet produit par ces images n’est pas sans rappeler les déambulations que l’on retrouve dans le film Blade Runner de Ridley Scott (1982).

La série photographique Entre chien et loup de Marc Cellier déplace le regard que nous portons sur les animaux en les ré-introduisant, une fois naturalisés, dans des cadres ruraux, puis urbains. Le point de vue est  inversé et nous passons de la position d’observateur à celui qui est observé. Dans ces mises en scène inattendues, les animaux sont installés dans des poses naturelles et stylisées, ménageant une passerelle entre la mort et la vie.

Dans Les grands ensembles de Pierre Huyghe, les spectateurs se trouvent confrontés à la vision nocturne de deux barres HLM. La lumière et de le mouvement fait surgir de la vie de ces bâtiments sans âme. Leurs façades, ou plus précisément leurs fenêtres, s’éclairent les unes après les autres. Elles composent une sorte de langage, de geste visuel et lumineux inspiré du morse. Il s‘instaure alors une sorte de dialogue entre les différentes façades. Le spectateur est placé dans une ambiguïté visuelle qui ne lui permet pas de distinguer la frontière entre réel et fiction.

Claude Marguier utilise des bandes-film comme matériaux, qu’il saisit au cours de ses déambulations entre paysages ruraux et urbains. Il monte ses films en jouant sur des procédés d’association, de solarisation ou de modification de vitesse de projection. A travers ces situations visuelles, il interroge ainsi les notions d’espace et de temps. Le médium lui permet de créer une poétique, entre étrangeté et imaginaire.

Les peintures de Mikko Paakkola évoquent la nature, mais avec une économie de moyens. Un dégradé du blanc au gris sur un support plastique représente un univers entre la tombée ou la levée du jour. La référence au paysage naît de la composition basée sur une ligne qui figure l’horizon en même temps qu’elle divise l’œuvre en deux plans. Cette ligne accentue également la sensation d’éloignement à l’infini. Le réel se dissout ainsi dans le pictural et inversement.

Les photos de Rosana Schoijett représente des éclairages nocturnes et nous confronte à l’image d’une ville réduite à ses cartels lumineux. Ils marquent la substitution du signe au réel, dans un monde où ces enseignes lumineuses véhiculent des fictions, des injonctions ou autres stéréotypes de la société. De cette lumière, il ne reste que ces fragments ou «flashs» fugaces et hypnotiques, entre appel et aveuglement.

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