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Empire of dust

11 Sep - 11 Oct 2015
Vernissage le 10 Sep 2015

La pratique d’Amélie Labourdette manie tant le protocole artistique (inspirée par la photographie objective allemande) que la subjectivité plastique (influencée par la peinture romantique). Elle présente ici une série de photographies réalisées au sud de l’Italie où les crises et détournements financiers ont fait de l’inachèvement une esthétique architecturale.

Amélie Labourdette
Empire of dust

«De manière récurrente, j’interroge, à travers mon travail photographique, ce qui dans le paysage est à priori invisible, un paysage situé en dessous du paysage visible, qui n’est pas donné dans un premier regard. Le paysage nous renvoie à quelque chose de la mémoire collective et individuelle. Il est reflet de l’histoire, d’une époque, ainsi que de notre imaginaire. Je construis et je réalise mes projets photographiques sur la base d’un état de choses existantes et en étroite relation avec l’idée du territoire car c’est du paysage et de cette «archéologie du présent», dont je souhaite parler avant tout.» (Amélie Labourdette)

Empire of dust est une série de photographies réalisées au sud de l’Italie où les crises et détournements financiers ont fait de l’inachèvement une esthétique architecturale. «Il s’agit pour [Amélie Labourdette] de trouver le juste point de conjonction entre une approche de distanciation réflexive et l’expérience de «l’indétermination», de ce qui se dérobe à nous.»

L’esthétique est particulièrement travaillée bien que non maniériste, l’artiste «ne succombe pas à la fascination fétichiste que les bâtiments exercent généralement sur les architectes et les photographes d’architecture. [Elle] cadre [ses] images de manière à ce que les constructions inachevées fassent partie du paysage sans le dominer. Partout, le sol et le vide sont présents, signifiants, à la fois.»

L’architecture qui pourrait être le sujet photographique constitue un élément de territoire. Amélie Labourdette déjoue la temporalité de la prise de vue. L’instant de captation s’étire jusqu’à devenir une période éthérée créant un sentiment d’irréalité; dans un statisme absolu, la lumière opaque, dense, et l’absence d’ombres réalisent un glissement de la stratification temporelle du paysage qui contient préludes du passé, indices du présent, et stigmates du futur.

Tout élément qui pourrait paraître narratif — comme une figure humaine — est  éludé; toute personnalisation anecdotique est supprimée afin de conserver cette ambiguë universalité. Ces photographies affirment une réalité présente et non immédiate au premier regard, dans un entre-deux au revers de l’évidence et néanmoins manifeste.

La pratique d’Amélie Labourdette manie tant le protocole artistique — inspirée par la photographie objective allemande — que la subjectivité plastique — influencée par la peinture romantique. Le medium photographique sert les regards que l’artiste porte sur le monde, elle déploie les possibilités pratiques de cette technique sans enfermer ses productions dans la performance technologique.

Amélie Labourdette interroge les valeurs documentaire, fictionnelle et esthétique induites par ses photographies. Ses créations jouent du trouble entre la réalité du lieu photographié et le réel construit par sa prise de vue. Nous voyons ce qui a été capturé. «Il est étrange de voir comment la réalité n’est pas tout à fait ce qu’elle figure être…»

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