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East meets West through Pop Art

24 Sep - 23 Oct 2010
Vernissage le 23 Sep 2010

Feng Zheng Jie et Heiner Meyer se servent du répertoire populaire de l’art quotidien, chacun dans le contexte de sa propre vie et de ses propres expériences pour fabriquer des images pop non sans humour.

Communiqué de presse
Feng Zheng Jie, Heiner Meyer
East meets West through Pop Art

Dans le domaine de la culture, on est contraint, dès lors qu’on aborde des sujets complexes, de trouver un titre pratique pour ses projets. Dans le cas présent, le titre de l’exposition évoque ce qui oppose et ce qui rapproche les œuvres de deux artistes qui ne se produisent pas en groupe et ne représentent pas un programme commun.

Ils ne se connaissent même pas, ne se sont jamais rencontrés, même s’ils ont déjà entendu parler l’un de l’autre. Ils ne partagent aucune quête commune — ou si quand même? La rencontre de leurs œuvres a été décidée par des tiers pour lesquels les critères oppositions et points communs suffisaient pour trouver une réponse à la question captivante de savoir où se situent les points de contact entre ces deux artistes dont la fonction sociale ne peut être plus différente.

Il s’agit de deux personnalités qui ont grandi sur deux continents différents — l’Europe et l’Asie — et qui continuent à y vivre et travailler. Feng Zheng Jie, né en 1968 dans la province chinoise de Sichuan, vit actuellement à Pékin. Au cours des quarante-deux ans qu’il a vécu jusqu’à présent, il a connu les grands changements politiques, économiques et sociaux qui ont marqué son pays.

Heiner Meyer, né en 1953, a été marqué, lui, par les événements qui ont traversé l’Europe Centrale dans la deuxième moitié du XXe siècle. Les deux artistes ont reçu une formation universitaire solide dans le cadre de leur environnement culturel respectif: en Chine communiste, le réalisme a joué un rôle dominant tandis qu’en Europe le spectre des formes d’expression artistique était nettement plus large. Voilà pour ce qui est du «East meets West».

Et maintenant, le deuxième volet: où sont les points de contact? La réponse se trouve dans le titre même: «through Pop Art». Le lien manquant, c’est la tendance de l’art, qui a émergé simultanément en Amérique du Nord et en Europe, vers la fin des années 50 début des années 60, et dont les reflets réapparaissent depuis, assez souvent, dans le firmament de l’art. Les artistes pop de la première génération ont traité le quotidien avec humour, ironie et intelligence, ils ont réussi à mettre en vedette le banal, le trivial et le kitsch.

Et c’est là que vient s’articuler Heiner Meyer. Il s’adonne au pop art tout en sachant qu’un demi-siècle a passé entre temps. Comme un archéologue il fouille les sites de l’histoire de l’art et produit des artefacts d’une époque passée: emballages Brillo boxes, bouteilles de Coca, idoles du cinéma, des bandes dessinées et des médias. Et nous constatons que les signes et les symboles que les artistes pop ont portés à notre attention sont depuis longtemps devenus une partie de notre mémoire imagée. Ces œuvres augmentent l’attractivité des produits, suscitent des désirs et servent ainsi des formes de l’art de vivre moderne.

Les artistes pop voyaient les objets quotidiens avec une certaine distance, ce qui n’est pas le cas pour Heiner Meyer. Ses œuvres ne sont pas des images statiques, mais racontent au contraire une histoire. Il réussit à charger affectivement les accessoires du pop art, qui à l’aide d’une chorégraphie artistique se retrouvent au cœur d’une usabilité individuelle: sur la base d’une mémoire imagée collective, Heiner Meyer invite à un jeu mystique avec un monde intérieur et un monde extérieur. L’observateur est amené à participer à ce jeu, à suivre ses propres désirs et les petites échappées du quotidien.

Le cheminement se fait à travers la peinture. Le figuratif et le non-figuratif se côtoient, les éléments parfaitement exécutés sont juxtaposés à des éléments non traités, des champs à photocollages et des zones à touche gestuelle vigoureuse se trouvent rassemblés sur un même tableau — bref: l’artiste Meyer se sert de façon conséquente également du riche fonds de styles artistiques de l’histoire de l’art. Pour formuler son message artistique, le pop art se sert d’objets banals de la vie quotidienne.

Les citations figuratives que l’on trouve dans l’œuvre de Meyer ne sont pas réduites à un simple calque de la nature – surtout lorsqu’il s’agit de sujets floraux. Bien au contraire, ces citations sont déjà diffractées au niveau du média. Les citations sont exprimées sur la base de ce qui a déjà été accueilli par l’observateur. Ce n’est donc que par ce mélange et par l’utilisation de citations de style pittoresques que l’artiste, au cours de son travail, réussit à trouver une forme d’étude artistique qui tient plus de la réflexion que de la réception, et surtout de la peinture.

L’approche du pop art par Feng Zheng Jie est complètement différente. Feng Zheng Jie a grandi à la campagne. Son premier contact avec l’art européen ne date que des années 80 lorsqu’il avait déjà vingt ans. Son œuvre est marquée par un langage visuel fermement ancré dans la culture quotidienne de la Chine moderne, tout comme dans celle de la Chine traditionnelle. Dès son enfance, Feng Zheng Jie admirait non seulement les affiches de propagande du parti communiste chinois, mais également les peintures populaires folkloriques de son pays. Le rouge flamboyant, le vert et le jaune sont les couleurs qui jusqu’aujourd’hui sont omniprésentes dans son œuvre.

Depuis plus d’un demi-siècle, la Chine est un pays communiste avec, d’une part, une civilisation plusieurs fois millénaire, mais qui, d’autre part, était exposé pendant des générations aux influences les plus diverses, conséquences des événements politiques du XXe siècle, y compris surtout des décennies d’isolement du reste du monde. Lors de l’ouverture de la Chine vers l’Occident au cours des années 90, la Chine fut pratiquement submergée par une vague du tout commercial qui fut à la base d’un profond changement sociétal et social. La société chinoise moderne foisonne de contradictions et d’antagonismes. L’artiste est bouleversé par la disparition concomitante du système traditionnel de valeurs. En tant qu’observateur et intéressé contemporain il réagit dans son travail à tous ces processus, qui constituent pour lui et pour son travail une constante source d’inspiration.

L’immense flot d’images communiquées par les médias amena Feng à s’occuper d’abord de la vie quotidienne, en particulier des contextes urbains. Sa vue se concentre sur les formules de beauté de l’art populaire, où il trouve les extraits qu’il traite artistiquement et qu’il transforme ensuite en symboles d’une culture matérialiste du shopping sans arrêt et du divertissement permanent.

Dans la série «Chine», Feng peint des femmes dont les portraits rappellent à première vue les Marilyn de Andy Warhol, dépersonnalisées, avec leurs couleurs exagérées et leurs caractères sériels. Mais ce n’est pas l’Homme devenu une marchandise qui préoccupe Feng, mais les effets du changement rapide de la société chinoise sur l’individu. Les portraits n’ont pas pour but de représenter une personne définie, mais le visage féminin sert de surface de projection pour son message artistique.

Les portraits couvrent pratiquement l’ensemble des formats de forme carrée. L’espace reste diffus, parfois une lueur ou des rubans colorés traversent l’arrière-fond comme une lumière artificielle. Les visages sont modelés sans aucune touche et exempts de toute marque personnelle, les cheveux ou les vêtements sont appliqués sans aucun relief. Le teint qui devient porcelaine, les lèvres rouges sensuelles: des femmes modernes aux visages renfermés, des yeux qui fuient tout contact. Il s’agit de femmes, qui — figées en une pose de statue, dures, inaccessibles, — semblent malgré tout vulnérables sous la couche parfaite de la peinture. Auréolées de tristesse mélancolique, les femmes sont symboles de solitude et d’isolement sans limites. Les portraits de femmes de Feng Zheng Jie servent de métaphores de la Chine moderne.

Mais revenons à la question initiale concernant les points communs entre les deux artistes. Tous les deux se servent du répertoire populaire de l’art quotidien, chacun dans le contexte de sa propre vie, ses propres expériences et ses propres images. Tous les deux se concentrent sur la vie moderne et le quotidien. Ils appliquent tous les deux une approche réflective, mais aussi analytique, et ils exécutent leur travail sous forme de groupes ou de séries. Le succédané des médias leur offre les motifs dont ils se servent, Heiner Meyer, pour raconter des histoires ou Feng ZhengJie, pour décrire des situations. Ils se sont adonnés à l’art de la peinture, cet art, qui a une grande tradition dans la culture occidentale et qui, de toute évidence, est apte à dévoiler les paradoxes, non seulement dans notre société moderne, mais également en nous-mêmes.

Vernissage
Jeudi 23 Septembre 2010. 18h-21h. Cocktail

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