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Du temps dans la photographie

Arnaud Claass examine ici la diversité des relations entre la photographie et le temps. A travers cette analyse, il s’agit d’interroger un stéréotype portant sur la stabilité des images fixes et de montrer que ces dernières sont moins fixes qu’elles n’y paraissent, par leur aptitude à contenir le mouvement physique et temporel à l’état implicite.

Information

Présentation
Arnaud Claass
Du temps dans la photographie

Il a souvent été dit que la photographie est un art du temps. Ce livre examine la diversité des relations entre l’une et l’autre. Dans les images — et autour d’elles — il y a bien «du» temps, comme on dit qu’il y a «de» l’espace. Elles sont moins fixes qu’il n’y paraît, car elles ont une merveilleuse aptitude à suggérer le mouvement de la durée ou des choses. La réflexion ne porte pas ici sur des œuvres se donnant explicitement pour objet la question du temps, quel que soit leur intérêt. Elle tente plutôt de saisir comment l’enregistrement des apparences éclaire notre expérience temporelle, surtout lorsque tel n’est pas son but déclaré.
Les œuvres évoquées ont donc été choisies dans un registre du médium fort diversifié, plusétendu que celui généralement envisagé par le savoir spécialisé de l’histoire de l’art moderne ou contemporain.

Ce livre aborde la façon dont les images photographiques les plus captivantes sont habitées par le mouvement du temps et des choses. La passion inentamée, et même accrue, dont elles sont l’objet, y compris chez un jeune public rompu aux technologies les plus récentes, est due en grande partie à leur étrange pouvoir d’animation interne. Il y a une éloquence de la mobilité dans le mutisme de l’image fixe.

Fixe? Mais l’est-elle vraiment? À son meilleur, la photographie procure justement le plaisir inépuisable d’une image (ou de tout objet) immobile, mais contenant le mouvement physique et temporel à l’état implicite: trouble attaché à la dynamique lorsqu’elle est suggérée plutôt que montrée.

Le caractère répétitif et infécond de beaucoup de réflexions sur la différence entre la fixité des photographies et le flux des images en mouvement tient dans le présupposé d’une inertie de l’instant, opposée à l’«écoulement» du temps. On a souvent assimilé l’image photographique à une unité extraite du déroulement d’un film. Symétriquement, une vision commode a persisté à voir dans la photographie une sorte de cinéma en puissance. Il n’est ici nullement question de remettre en cause l’importance de l’art cinématographique ou de la vidéo. Il s’agit plutôt d’interroger un stéréotype portant sur la stabilité de l’image fixe.

Sommaire
— Moments
— Voir, prévoir, savoir
— Présent
— Mémoire
— Flux
— Phrasé
— La chose et le fait
— Laps
— «Maintenant!»
— Intention I
— Montrer/décrire
— Soudaineté
— Intention II
— Attente
— Temps criblé
— Textes cités ou évoqués
— Dans la même collection
— Colophon