ART | CRITIQUE

Drawings

PNicolas Villodre
@21 Juil 2009

Les deux espaces de la galerie Praz-Delavallade sont consacrés au dessin à partir des travaux d’artistes, américains pour l’essentiel, présentant une grande variété de formes et formats, de techniques et d’esthétiques.

Dans l’espace 1 de la galerie Praz-Delavallade, on découvre une grande variété de formes et formats, de techniques et d’esthétiques. Un certain parti pris figuratif (Amy Bessone, Marc Bauer, Robyn O’Neil) semble l’emporter, qui laisse de la place, et même du champ, au conceptuel appliqué ou plus pensif (Andrea Bowers, Eulogies to One and Another, 2006).

La diversité d’approches est le seul point qu’ont en commun ces artistes en majorité américains. Brett Cody Rogers se soucie des pans de murs comme des plans sur la comète des architectes, se réfère à Corbu, se positionne par rapport aux problématiques cubistes, ce qui produit de belles formes géométriques avec des moyens somme toute économes.

Jim Shaw fait dans l’hyperréalisme crayonné, doublement crayonné, d’abord à la mine noire (un homme en plan rapproché croque une orange non épluchée), ensuite à l’encre de Chine (gribouillis vandalisant aimablement la première représentation).

Amy Bessone fait de tout petits formats dans un style faussement naïf, faussement matissien, faussement fauve. Julian Hoeber se réfère à l’Op en s’autorisant tout de même quelques coulures de peinture fraîche. Thomas Houseago fait de l’art ou plutôt du Arp avec des reliefs en bois bruts de décoffrage aux formes carrées et à plusieurs épaisseurs.
Marc Bauer dessine d’un trait gras des êtres et des objets parfois inquiétants, à partir de souvenirs et d’une iconographie personnels. Robyn O’Neil pose et oppose ses personnages minuscules qui viennent se perdre ou se noyer dans des paysages presque abstraits. Andrea Bowers reproduit au moyen du dessin des négatifs photographiques ou des plaques de photogravure.
Analia Saban obtient de minuscules confettis en brûlant sa page blanche à l’aide d’une épingle chauffée à blanc (elle utilise en fait le laser): elle montre le résultat et le dépôt de bouts de papier d’Arménie sur le rebord du cadre.
Thomas Fougeirol fait dans le grand format abstrait, en noir et blanc. Sam Durant fait dans le diptyque énigmatique et le laconique: d’un côté un pavé, de l’autre deux taches de sang…

Dans l’espace 2, présente l’austère Amy O’Neill, le travail en série de John Miller,  la grisaille d’Edgar Arceneaux et la fausse titraille de Sam Durant. Tous quatre travaillent sur la représentation elle-même plus que sur le motif.

Amy O’Neill, comme beaucoup d’artistes américains, s’interroge sur sa propre mythologie; il agrandit et déforme dans un style très personnel des images piquées dans un catalogue du parc de Yosemite (Sierra Nevada), en l’occurrence la monstruosité, du point de vue écologique ou esthétique, qui a consisté à creuser un tunnel dans un séquoia géant pour laisser passer des voitures.
Edgar Arceneaux est un peu plus tourmenté. En tant que Californien, il s’intéresse à tout ce qui est un peu mystique et cite des versets de l’évangile selon Saint Matthieu où il est question du corps christique qui se change en coupe-faim qu’il orne de l’anneau sans fin de Moebius.
John Miller griffonne plus vite que son ombre, et donne l’impression de chercher, perversement, à bâcler, sur des folios 21 x 29,7, des sujets d’une banalité assez… rare.
Sam Durant traite de la question de la peine de mort qui se pose encore dans un pays en crise, économiquement et même éthiquement parlant, depuis l’affaire de Guantanamo, sans la fascination morbide warholienne pour les chaises électriques, au contraire: sèchement, avec réalisme, en produisant de grands formats qui ont l’allure de tableaux statistiques.

Andrea Bowers
— Eulogies to One and Another (Time World,1 of 4; 2 of 4; 3 of 4; 4 of 4), 2006. Crayons sur papier bulle. 166 x 124,4 cm (framed).

Amy O’Neill

— 1962 Wawona Tree, 2007. Fusain sur papier. 87 x 66 cm (framed).

Marc Bauer
— Untitled, 2008. Crayon noir et crayon gris sur papier. 32,3 x 48,5 cm (framed).

Jim Shaw
— Untitled (Sunkist), 2009. Crayon et encre sur papier. 91 x 188 cm (framed).

John Miller
— Untitled, circa 1983. Mixed media drawing.

Sam Durant

— History of Death Row, 2008. Crayon sur papier. 61 x 81 cm (framed).

Thomas Fougeirol
— Untitled, 2009. Huile sur papier. 204 x 161 cm (framed).

Amy Bessone
— Untitled (Dutch Head), 2009. Encre et crayon sur papier. 34,7 x 28,5 x 3,5 cm (framed).

AUTRES EVENEMENTS ART