ART

Djamel Tatah

PLaura Houeix
@10 Déc 2008

Teints cristallins sur fond noir. Les figures de Djamel Tatah sont autant d’humains désincarnés, pensifs et vagabonds, errant dans le non lieu de la toile, en dehors du temps. Des personnages en quête, une pensée en action.

En sommeil, en suspens, hors champs ou dormant à la lisière du cadre, posés au sol, ces corps identiques flottent dans l’espace grisé des grands formats de Djamel Tatah. Les couleurs sont froides, les visages laiteux, tous se ressemblent sans jamais être les mêmes. Pas de rôle, pas de considération sociologique, la pensée est universelle et chacun l’éprouve dans ce même moment de solitude.

Souvent seuls dans leur toile, ces figures anonymes, sorties de toute notion de temps et d’espace, incarnent une pensée en train de se faire. Une lente introspection, un silence monacale, les visages semblent tristes, les regards baissés. Chacun semble tenir en tension dans ce fond quasi-monochrome.
Dans cette radicalité des formes, l’humain se distingue, saillant, comme les figures découpées de Matisse. Tout se joue dès lors dans la nuance pour ne pas confondre anonymat et perte d’identité.

Ici, tous on ce même lien, celui de la solitude productive, celle qui, malgré tous les moyens de communication de notre siècle, reste une catharsis nécessaire et bienfaisante.

Dans ces huis clos, la figure humaine, homme ou femme, impose sa  présence. Ainsi, la troisième salle de la galerie accueille douze toiles, représentant un même homme, mains dans les poches. Une présence récurrente, qui n’est jamais vraiment semblable car la peinture ne permet pas de reproduire inlassablement le même réel. De cette rencontre à échelle humaine naît une relation vivante avec le spectateur qui se projette dans ces morceaux de solitudes qui ne lui appartient pas mais que chaque être partage.

Malgré leur stature imposante, l’oppressante attente que ces figures figées imposent, Djamel Tatah touche au sensible et à la fragilité de chaque être.
Ainsi, le cheminement autour de ses œuvres peut difficilement se faire rapidement, sans prendre le temps pour chacune d’entrer dans cet instant universel, qui frôle avec la mort, sans dramatisation. Un éloge de la solitude.

Djamel Tatah
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Sans titre, 2008. Huile et cire sur toile. 190 x 570 cm (Tryptique).
— Sans titre, 2008. Huile et cire sur toile. 205.5 x 173.5 cm.
— Sans titre, 2008. Huile et cire sur toile. 40 x 40 cm.
— Sans titre, 2008. Huile et cire sur toile. 220 x 140 cm
— Sans titre, 2007. Huile et cire sur toile. 2 x 250 x 190 cm

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