ART | EXPO

Dessins

05 Sep - 20 Sep 2014
Vernissage le 05 Sep 2014

Qu’il s’agisse d’esquisses préparatoires ou de fictions architectoniques, les dessins de Tjeerd Alkema rendent compte de ses recherches continues et de plus en plus complexes sur la géométrie. A travers eux, il donne à voir et à comprendre un raisonnement qui doit autant aux mathématiques qu’à un certain sens du paradoxe, rebelle à la facilité et aux convenances.

Tjeerd Alkema
Dessins

Sculpteur d’origine hollandaise, Tjeerd Alkema vit en France depuis 1963. Il a orienté progressivement ses recherches vers des créations monumentales en utilisant un procédé que l’on pourrait assimiler, en simplifiant, à celui de l’anamorphose.

En imprimant à ses volumes, des rotations déformantes, selon de strictes règles de perspective, il multiplie les angles de vue et les possibilités d’interprétation du regardeur. Si l’anamorphose joue sur les illusions de la perception, les perspectives construites par Tjeerd Alkema ont chacune leur nécessité. Il n’y a d’«objet» que comme une unité virtuelle de cette multiplicité réelle de points de vue. Il rend ainsi le spectateur actif, l’incitant à évoluer autour de l’œuvre, questionnant sans cesse autant la forme et les règles dont elle serait issue que la durée du regard qui, à la fois, la perçoit et la perd.

Cette troisième exposition de Tjeerd Alkema à la galerie AL/MA est consacrée exclusivement aux dessins datés des années 1980 à aujourd’hui. Succédant à deux expositions de sculptures, cette proposition permet d’insister sur la place majeure que le dessin occupe dans cette œuvre rigoureuse.
Dessins préparatoires ou fictions architectoniques, ses dessins rendent compte de ses recherches continues et de plus en plus complexes sur la géométrie, donnant à voir et à comprendre un raisonnement qui doit autant aux mathématiques qu’à un certain sens du paradoxe, rebelle à la facilité et aux convenances.

«Il est d’autant plus intéressant d’observer les dessins de l’artiste que celui-ci place au cœur de son travail l’interrogation sur la perception et la représentation des formes dans la troisième dimension. Et la quatrième, puisque l’œuvre s’appréhende dans la durée.

En se confrontant à la planéité du papier, le sculpteur rend au visiteur la clef de l’énigme. Peut-être parce qu’il la forge aussi par cette opération. Certainement même… mais pas seulement. On est frappé par la qualité formelle de ces dessins où se lit en un regard l’enjeu d’une pièce ou d’une installation: les difficultés rencontrées, l’inscription dans l’espace, les déplacements du visiteur, etc. Et pourtant, nulle feuille noircie de schémas vectorisés, nul papier millimétré recouvert de calculs, nulle modélisation facettée façon cubisme analytique. Mais plutôt: des grands formats, des esquisses au pastel et à la craie grasse, de la couleur, une poldérisation de l’espace bidimensionnel par collage additionnel de bouts de papier.

Quelques estompes pour cacher les erreurs de tracé, quelques fantômes de nombres et de traits gommés. Plus généralement, les perspectives en ont, de la perspective. Et les dimensions sont griffonnées avec moult largesses comme la note sur le papier d’emballage chez le boucher. De joyeuses scènes de crime où l’on tord le cou à l’orthogonalité, ainsi qu’à l’opticalité qui rôde toujours dans le coin — et vice versa.»
Marie Cantos

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