ART | CRITIQUE

Denis Castellas

PMagali LesauvageDenis Castellas
@07 Juin 2008

La galerie Eric Mircher présente des peintures récentes de l’artiste marseillais Denis Castellas, qui s’ingénie à reconstituer un monde peuplé de personnages de comédie, alimentant le lien entre art et spectacle et figeant la peinture dans une éternité.

Figures de la Commedia dell’arte, portrait de Shakespeare ou acteurs de cinéma, le nouveau petit monde peint par Denis Castellas appartient à la sphère du spectacle. Entre apparition et disparition, les personnages représentés là font irruption à la surface de la toile, entre deux panneaux, deux couches de peinture, deux espaces de temps.

Toujours figurative, la peinture de cet artiste marseillais installé à Nice, que l’on connaît également comme sculpteur et céramiste, est intimement liée au souvenir, à l’impact du temps sur les images et sur la mémoire.

Pour Denis Castellas, la peinture est aussi, dit-il, « un toucher ». De fait, la légèreté et la fluidité de la touche picturale sensibles dans ses toiles récentes font moins songer à une peinture de la texture, qu’à une peinture du geste et de l’expression, comme celle de Francis Bacon, ou pus encore de Mark Rothko, laissant advenir à la surface de l’œuvre les différentes couches de peinture comme autant de temps et d’espaces.

Les toiles récentes de l’artiste, aux couleurs de pastel vieilli, représentent des êtres imaginaires ou légendaires : le robot C-3PO de Star Wars, William Shakespeare, des personnages de comédie, déguisés et grimés et d’autres au profil méconnaissable. Dans une technique de larges coups de brosse, qui délimitent leur silhouette ou au contraire les font disparaître dans le fond, ces individus sans nom et sans âge forment une assemblée mystérieuse.

Au centre d’un triptyque de grandes dimensions, Sans titre (2007), une forme squelettique, sans tête, se tient debout, comme le souvenir d’un être humain. Sur les panneaux latéraux, un mannequin de couturière sans pied et une tête fichée sur une pique s’opposent. Ces trois figures expriment la désintégration du corps, le passage du temps comme destructeur de matière et d’identité.

Dans une autre toile sans titre, un personnage drapé, portant un chapeau conique, effectue un geste du bras, les jambes croisées : la légèreté de sa posture rappelle les figures du peintre Watteau et plus largement remémore toute la gestuelle classique issue de la peinture d’histoire. Semblant effectuer un pas de danse, l’homme désigne quelque chose à l’extérieur de la toile, mais garde pour lui l’objet de sa révélation. Il paraît comme saisi dans le temps, à jamais figé dans les invariables de la peinture.

Denis Castellas
— Sans titre, 2007. Huile sur toile. 97 x 195 cm (x3)
— Sans titre, 2007. Huile sur toile. 100 x 81 cm
— Sans titre, 2007. Huile sur toile. 130 x 195 cm (x2)
— Sans titre, 2007. Huile sur toile. 100 x 81 cm
— Sans titre, 2007. Huile sur toile. 195 x 97 cm
— Sans titre, 2007. Huile sur toile. 73 x 60 cm

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