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Dancing Ashes

03 Déc - 30 Jan 2016
Vernissage le 03 Déc 2015

Colin Delfosse, avec un regard d’artiste et de journaliste, est allé à la rencontre du peuple congolais, dans la région du Nord Kivu. Ses attachants portraits de pasteur, danseurs, trompettistes, paysans, enfants mais aussi catcheurs, montrent le quotidien d’une population vivant dans une très grande pauvreté.

Colin Delfosse
Dancing Ashes

Malgré les immenses richesses naturelles de la République Démocratique du Congo, les deux tiers des 68 millions d’habitants sont très pauvres. Ceux qui parviennent à échapper aux conflits armés peinent à réintégrer la société. Le jeune photographe belge Colin Delfosse attache une importance particulière à la terre congolaise et à son peuple, victime de perpétuels conflits depuis deux décennies.

En 2007, il réalise un premier travail sur l’exploitation artisanale du cuivre et du cobalt dans une région où la richesse des sols ne profite pas aux travailleurs. En 2012, il a suivi différents groupes rebelles du Nord Kivu (Forces armées de la République Démocratique du Congo, M23, milices d’auto-défense locales…) afin de dépeindre les tensions constantes qui plongent les populations dans un effroi quotidien.

Colin Delfosse livre un face à face avec ces portraits réalisés dans la région du Nord Kivu. Une rencontre avec des personnages singuliers, empreints d’une incroyable capacité de résilience face au chaos perpétuel que connait leur terre. Les habitants sont en proie à une instabilité économique, politique et militaire constante et ne peuvent vivre qu’au jour le jour.

Dans les photographies de l’artiste, il y a des ruelles terreuses, une végétation dévastée, des camps de réfugiés détruits, des terres volcaniques hostiles… Mais il y a aussi la vie: une terre cultivée par un paysan du territoire de Rutshuru, un creuseur au travail dans la mine de Rubaya. Le quotidien continue au milieu de la désolation. Ces portraits viennent célébrer la vie qui reprend ses droits, tout comme ce musicien de fanfare entonne, trompette en bouche, un hymne à une paix durable.

Au fil des clichés, on entre dans un univers chaotique empreint d’une certaine mélancolie mais également d’une incroyable douceur. Ces identités majestueuses se laissent observer, le regard planté dans l’objectif du photographe. On fait alors la connaissance d’un creuseur de cassitérite, de Salomon un jeune pasteur évangéliste, d’un danseur traditionnel, de Naomi un enfant esseulé dans un camp de Goma, d’un paysan, de Clémence petit page de la croisée eucharistique ou encore d’Isaac trompettiste de la fanfare Kimbanguiste. On retrouve également au sein de ces figures symboliques de toute société moderne, un catcheur: clin d’oeil à la série «Les sorciers du ring», mettant en scène l’ampleur de la pratique du catch à Kinshasa.

Là où le chaos devrait, par définition, nous donner l’image de la destruction, de la ruine et du désordre, Colin Delfosse amène, au-delà des dégradés de brun et de gris des paysages présentés, des touches de couleurs à travers les vêtements des personnages, leurs regards ou encore leurs postures pleines de vie.

Face à ces portraits, l’artiste nous offre une projection d’images présentant une légende qui se construit au jour le jour dans les faubourgs de Kinshasa: le catch. Une série de personnages très différents des premiers nous apparait alors. Des catcheurs arrogants, de véritables guerriers jouant avec l’objectif du photographe, arborant masques et costumes propres à chacun.

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