ART | EXPO

Damage

09 Juin - 23 Juil 2011
Vernissage le 09 Juin 2011

«Entre promenades exaltées et rêveries infinies, la peinture de Jacin Giordano entrouvre des portes vers des univers et des atmosphères qui, sans jamais être lyriques, convoquent l’œil et l’imaginaire dans des divagations sans fin, mais qui toujours trouvent un point d’équilibre dans une ambiguïté constitutive entre réel et fiction, certitude et incertitude.» (Frédéric Bonnet)

Jacin Giordano
Damage

Comme un monde inatteignable mais que l’on pourrait presque toucher du doigt! Entre promenades exaltées et rêveries infinies, la peinture de Jacin Giordano entrouvre des portes vers des univers et des atmosphères qui, sans jamais être lyriques, convoquent l’œil et l’imaginaire dans des divagations sans fin, mais qui toujours trouvent un point d’équilibre dans une ambiguïté constitutive entre réel et fiction, certitude et incertitude.

Rythmée, musicale presque, elle tire patiemment sur tous les fils du tableau, les observe et les interroge un à un. Couleur, matière, espace, dimension sculpturale voire objectale de la peinture, amorce narrative, jeu avec le regard… autant d’ingrédients qui mis bouts à bouts dans des expressions sans cesse changeantes maintiennent l’œil en alerte et l’esprit en éveil. Avec toujours une approche — une accroche — directe, frontale et décomplexée qui contredit l’idée d’une possible illusion de la toile. Car si tout n’est pas révélé, rien n’est jamais caché.

Dans cette peinture, c’est en premier lieu l’inventivité formelle qui interpelle, tant les modes d’expression de Giordano sont variés — sans pour autant se contredire — et font du mélange visuel et de la cohabitation des textures l’une de ses marques de fabrique.

Dans la manière dont l’artiste aborde la matière se fait jour une certaine gourmandise qui le conduit à aller de l’avant vers une exploration sans retenue. Car si l’essentiel de sa production est dominé par un aspect qui fait assimiler la surface à du plastique, nombres d’autres ingrédients entrent dans la composition de ses travaux, de la laine aux paillettes en passant par des morceaux de moquette notamment.

Le plastique… c’est l’acrylique, que Giordano travaille avec une méticulosité extrême en accolant des lignes de couleur sur des vitres, qui une fois sèches sont découpées afin d’obtenir de petits empiècements de matière qu’il réassemble sur le support. À moins qu’il n’empile les couleurs fraîches pour leur donner l’épaisseur nécessaire à la production de petits cubes aux tranches multicolores.

Face à cette jubilation du vocabulaire plastique à laquelle goûte l’artiste, la grammaire qui au tout assure liant et pertinence de la langue relève de l’artisanat, d’une culture du «craft», pour reprendre le terme anglo-saxon, à laquelle il se montre très attaché, la considérant comme aussi importante que celle des beaux-arts. Appliqué et méthodique, Giordano répète inlassablement gestes et tâches nécessaires à la préparation de ses ingrédients. D’autant plus que certains, telle la laine, renforcent le caractère fait main, le goût du bel ouvrage qui nécessite du temps.

Surtout, la mise en place précise et rigoureuse des ingrédients relève elle aussi de la méthode artisanale. D’autant que beaucoup de cet art tient de l’agrégat, de la constitution d’une masse, comme en attestent des œuvres récentes qui agglutinent des centaines de petits dés colorés ou noirs et blancs envahissant la surface.

Pour ne pas virer au fouillis inextricable, ce qui n’est ici jamais le cas, une telle esthétique doit être savamment amenée et chaque détail répondre à une forme de nécessité. À la vue de l’ensemble, c’est la sensation qui s’impose. Même dans le champ monochrome, qu’il soit traité à l’acrylique ou en une uniformité de paillettes bleues, rouges ou vertes notamment (Good Woman, 2008), le lissé ne peut exister et la cohésion de l’œuvre tient dans la collision de la matière. Celle-ci ne se révèle que dans la masse, dans un fourmillement suffisamment dense pour lui permettre d’émerger, de se révéler, de bruisser, d’entamer la nouvelle vie que l’artiste lui a donnée sur le plan, lui interdisant de se taire, lui intimant l’ordre de parler avec ce qui l’entoure… sans cesse».

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