ART | CRITIQUE

Dada East? Contextes roumains du dadaï;sme

PElodie Wysocki
@11 Mai 2009

En collaboration avec la galerie nationale de Varsovie et le Cabaret Voltaire de Zurich, Dada East? interroge les racines roumaines du dadaïsme oubliées par l’histoire occidentale, et invite des artistes contemporains à décrypter l’influence significative de cette période.

Période faste et pourtant souvent oubliée de l’histoire de l’art occidentale, le mouvement Dada est officiellement né à Zurich, le 5 février 1916 sous l’impulsion de quatre réfugiés roumains: Marcel Janco, Tristan Tzara, George Janco et George Arthur Segal.

A l’origine le Cabaret Voltaire n’est qu’une salle désaffectée du bistrot La Malterie hollandaise. Fédéré par le poète et écrivain Hugo Ball, qui rédigera par la suite le Manifeste Dada, c’est dans ce lieu sombre et dépouillé que se produira les étincelles du renouveau artistique.

Dada East? retrace le contexte dans lequel les frères Janco, Tristan Tzara et George Arthur Segal ont travaillé. On trouve ainsi affiches, posters, aquarelles, collages, poèmes, croquis, ouvrages littéraires, revues et magazines de cette période roumaine… Une sélection d’archives qui trduit la liberté formelle et le caractère hétér de la constellation dada naissante. En regard, une quinzaine d’artistes contemporains répondent in situ.

Dan Petrovitch ouvre l’espace à l’imagination. Les murs blancs du musée, déjà investis par l’artiste, sont mis à la disposition des visiteurs: chacun est libre d’y inscrire ce que son imagination et son envie lui inspirent. Pas de barrière ni de censure. Les murs se couvrent peu à peu de messages d’anonymes; «Pour Scriptoria, prenez à droite»… Dan Petrovitch réactive le principe fondamental de liberté créatrice cher aux dadaïstes. Le langage se fait jeu lyrique et hétéroclite, par delà les convenances.

Les dispositifs d’exposition sont réalisés grâce à d’ingénieuses superpositions de cartons, maintenues par du film cellophane. Au centre du dispositif scénographique, s’étire un long mur en étoile, où s’accumulent photographies et documents sous plastique. Dada East? est un laboratoire.

En regare de ces archives, Dan et Lia Petrovitch retracent sous forme de réseau complexe une cartographie de la genèse de Dada. Ce travail découle d’une recherche intitulée CAA/AA (Archives de l’art contemporain / pour l’analyse de l’art) et se prolonge à différents endroits.
Toujours en marche, il est compilé dans des classeurs, présenté dans un scriban en carton ou encore étalé sans ordre. Les éléments disparates sont étiquetés et protégés — restes de vie, documents de recherches, et réels objets d’histoire, chacun trouve sa place dans ce travail monumental et minutieux de conservation, mis à notre disposition.

Certains artistes choisi la vidéo, interdite en Roumanie durant cette période. Box, de Ian Grigorescu  offre une vision empreinte d’humour. Proche de l’esthétique des années 30, un homme nu se bat avec une version fantomatique de lui-même.

La diversité des formes, des moyens et des médiums réaffirme cette volonté purement dadaïste de créativité libre et indépendante, en rupture avec les conventions de l’art institutionnel. Cette exposition-laboratoire présente des œuvres inédites. Le choix de médiation minimale favorise une approche sensible et personnelle.

—  Contimporanul, volume 2, nº 1, 6 janv. 1923, Bucarest. En couverture autoportrait de Marcel Janco. Contimporanul, publiée à Bucarest entre 1922 et 1932 éditée par Ion Vinea, fut une des plus importantes revues d’avant-garde en Europe centrale.
—  Chemarea n° 2, 1915, Bucarest. Revue d’avant-garde éditée par Janco et Tzara avant leur départ pour Zurich.

Dan Perjovschi
— Dada Drawing, 2008

Lia Perjovschi
—   Timeline (la période du modernisme), fragment 2, 1997.

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