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Corps en résistance

Valérie Jouve, anthropologue de formation, aujourd’hui photographe et cinéaste, interroge la capacité des corps à résister face à la normalisation sociale et urbaine. Sa spécialité: des portraits d’hommes et de femmes en mouvement dans des paysages urbains, sans les nommer, pour créer un espace trouble et fictif.

Information

Présentation
Valérie Jouve,
Arlette Farge, Marta Gili, Marie-José Mondzain, Pia Viewing
Corps en résistance

Photographe et cinéaste, Valérie Jouve (née en 1964 à Firminy) appartient à la génération de ces artistes, qui, en France, se sont éloignés de la grande tradition humaniste des reportages photos, sans cependant en rejeter complètement les éléments utiles et essentiels. Elle travaille à partir de paysages, surtout des paysages urbains. Elle inclut dans ses photographies des portraits d’hommes et de femmes en mouvement; elle en a fait sa spécialité. Les deux sujets classiques du paysage et du portrait sont associés de telle sorte que, dans la densité de situations urbaines, prend place une scène hautement chorégraphiée. Avec cette démarche sociologique, Valérie Jouve épaissit la représentation et la mise en scène. Ses photographies tentent de questionner la ville comme proposition d’un espace «à vivre ensemble»; une ville en mouvement, en rythme, toujours en œuvre.

Anthropologue de formation, Valérie Jouve est devenue photographe. Mais ses photographies, qui sont des œuvres d’art contemporain, appartiennent aussi aux domaines de l’anthropologie, de la sociologie, de la représentation du monde d’aujourd’hui. Par la mise en scène photographique de moments grâce à des «images jouées» ou «performées», elle décrypte notre société et ses aspects de théâtralité quotidienne.

La démarche de Valérie Jouve interroge la capacité des corps à résister face à la normalisation sociale et urbaine. Depuis le début des années 1990, ses différents ensembles photographiques – que l’artiste désigne sous le terme corpus – opèrent une inlassable exploration tant des manières d’habiter l’espace que du rapport que nous entretenons à la ville et au territoire. Afin de réinvestir les possibles des lieux qu’elle photographie, elle ne précise pas leur localisation, esquissant un espace trouble et fictif. Formant un ensemble ouvert, complété par l’artiste au fil du temps, chaque corpus est nommé Sans titre et identifié par un sous-titre générique entre parenthèses: Les Personnages, Les Façades, Les Passants, La Rue, Les Situations, Les Arbres…

Pour Valérie Jouve, une image acquiert chaque fois une nouvelle présence en regard d’autres images. Dans ses accrochages, elle joue ainsi sur la mise en espace et les échos provoqués par leur confrontation afin de convoquer l’imaginaire du spectateur, invité à se projeter dans les espaces de cette exposition.

Contributeurs
Arlette Farge, historienne spécialisée dans l’étude du XVIIIème siècle, directrice de recherche au CNRS et enseignante à l’EHESS, Paris
Marta Gili, directrice du Jeu de Paume, Paris
Marie-José Mondzain, philosophe française, spécialiste de l’art et des images
Pia Viewing, auteur, commissaire

Catalogue de l’exposition «Valérie Jouve. Corps en résistance» au Jeu de Paume, à Paris, du 2 juin au 27 septembre 2015