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Comment voir Venise II, Cap d’Antifer – Étretat

Revisiter la côte normande d’Étretat avec la photographie et en suivant les pas de Maupassant et Flaubert. Comment suivre un texte sans l’illustrer? Comment retrouver un esprit cent trente ans plus tard lorsqu’on est un jeune photographe de trente cinq ans ?

En dehors des grands formats des photographies d’Elger Esser qui habitent on ne peut mieux l’espace de la galerie Thaddaeus Ropac, on est frappé par la dimension « XIXe siècle » de l’ensemble de ce travail. Presque romantiques et picturales (on pense à Friedrich avec cet homme vu de dos contemplant l’immensité dans Canale Mazzobro), ces photographies aux teintes faussement passées sont pourtant le fruit d’une démarche et d’un travail résolument contemporains.

Travaillant à la chambre grand format, Elger Esser qui a retenu les leçons des Becher et de l’École de Düsseldorf, parcourt un dialogue et une correspondance échangés par Maupassant et Flaubert en 1877. En effet, pour les besoins de la rédaction de son passage de Bouvard et Pécuchet décrivant le littoral d’Étretat, Flaubert demanda à Maupassant, natif de cette région normande, un descriptif détaillé de la côte. Son ami s’exécuta avec moult détails et croquis livrant un témoignage et des conseils dignes du meilleur Guide du routard.

C’est ainsi que Elger Esser, après son travail autour de la vaporeuse lagune vénitienne, enfourche le pas et invite le spectateur à refaire le voyage normand avec, pour guide, le minutieux trajet décrit par Maupassant et Flaubert. Comment suivre un texte sans l’illustrer ? Comment retrouver un esprit décrit il y a cent trente ans lorsqu’on est un jeune photographe de trente cinq ans ? Elger Esser répond avec beaucoup de délicatesse et de modestie malgré les formats qu’il impose. Interprétation littéraire, découverte paysagère, géologique et hygrométrique sont alors liées par ces photographies impressionnantes de tranquillité et de majesté.

La solitude y est absolue, le silence aussi. Forcément moins bavarde que le texte, la photographie impose le paysage; libre à chacun de consulter plus loin, plus tard, la correspondance du XIXe siècle qui vient éclairer ce travail. Pour une fois que l’illustration au sens de « mettre en lumière » agit dans cette direction, il faut en profiter et admirer.

Elger Esser
— Santa Katerina, Italie, 2002, 2001. C-print sur DiaSec, 182 x 235 cm.
— Canale Mazzobro, Italie, 2002, 2002. C-print sur DiaSec, 135 x 185 cm.
— Poveglia, Italie, 2002, 2002. C-print sur DiaSec, 125 x 162 cm.
— Paludo San Giacomo, Italie, 2002, 2002. C-print sur DiaSec, 182 x 235 cm.
— Sacca Anghiero, Italie, 2002, 2002. C-print sur DiaSec, 182 x 235 cm.
— Burano, Italie, 2002, 2002. C-print sur DiaSec, 135 x 182 cm.
— Caigo, Italie, 2002, 2002. C-print sur DiaSec, 182 x 235 cm.
— Paludo della Rosa, Italie, 2002, 2002. C-print sur DiaSec, 182 x 235 cm.
— Sette Morti, Italie, 2002, 2002. C-print sur DiaSec, 182 x 238 cm.
— Fondamenta Nove, Italie, 2002, 2002. C-print sur DiaSec, 182 x 235 cm.
— Cap d’Antifer, France, 2000, N°1, 2000. C-print sur DiaSec Face/Forex, 135 x 285 cm.
— La Courtine, France 2000, n°2, 2000. C-print sur DiaSec Face/Forex. 110 x 155 cm.
— La Manneporte, France 2000, n°4, 2000. C-print sur DiaSec Face/Forex, 130 x 185 cm.
— La Côte, France 2000, n°5, 2000. C-print sur DiaSec Face/Forex, 110 x 155 cm.
— Sous la Manneporte, France 2000, n°6, 2000. C-print sur DiaSec Face/Forex, 80 x 125 cm.
— Galet, France 2000, n°7, 2000. C-print sur DiaSec Face/Forex, 110 x 155 cm.
— La Roche d’Aval, France 2000, n°8, 2000. C-print sur DiaSec Face/Forex, 110 x 155 cm.
— Sous la porte d’Aval, France 2000, n°9, 2000. C-print sur DiaSec Face/Forex, 130 x 185 cm.
— La Côte d’Étretat, France 2000, n°10, 2000. C-print sur DiaSec Face/Forex, 130 x 185 cm.
— Île de Blaison, France 2001, 2001. C-print sur DiaSec Face/Forex, 135 x 183 cm.
— Seudre, France 2001, 2001. C-print sur DiaSec Face/Forex, 135 x 183 cm.

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