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Codename: Osvaldo

22 Avr - 10 Juil 2016
Vernissage le 22 Avr 2016

Le Centre culturel suisse à Paris présente l’exposition Codename : Osvaldo, des photographies de Marco Poloni dont le travail passe aussi par le cinéma, l’installation et le texte. Ses photographies, notamment sur des périodes occultées de l’histoire italienne, expriment en tout cas sans mots ni détours des élans, des intentions, des tensions enfin.

La face hostile de l’homme portant lunettes et moustache apparaît par deux fois sur une pellicule fatiguée, façon photomaton. La photographie s’intitule Codename : Osvaldo, du nom de l’exposition, elle est l’œuvre la plus récente de Marco Poloni exposé depuis le 22 avril au Centre Culturel Suisse à Paris. Giangiacomo Feltrinelli, millionnaire italien et révolutionnaire guévariste, est le sujet de ce cliché. Marco Poloni inscrit ce portrait et partant ce personnage dans cette marge sourde de l’histoire italienne où certaines périodes noires furent occultées, et avec elles des figures, ici celle, contrastée (richesse extrême et extrémisme révolutionnaire) de l’homme qui se fit aussi appeler compañero Osvaldo.

Texte, installation composent aussi l’œuvre de Marco Poloni qui n’est pas que photographique. Sans jamais appuyer, ces clichés seuls sont narratifs ou en tout cas décrivent un univers, un environnement, presque un élan. Dans la première étude de cas, The Pistol of Monika Ertl, présentée à l’exposition du Centre Culturel suisse, on aperçoit une jeune femme qui semble trouver plaisant d’avoir attrapé un poisson qui, gueule ouverte, est prisonnier de ses mains. Le geste est facétieux, le sourire est insouciant mais on sent qu’alentour rien ne l’est. L’uniforme sommaire de la femme, sa manière hâtive de pêcher à la main, tout respire, l’attente, l’isolement, la clandestinité. De fait, en 1971, utilisant un revolver donné par Feltrinelli, Monika Ertl a assassiné Roberto Quintanilla, consul général de Bolivie à Hambourg, lequel avait capturé Che Guevara dans la jungle bolivienne en octobre 1967 et ordonné son exécution sommaire. La tension est palpable et perceptible sans avoir lu les textes de c qui accompagnent ses photographies sur les cimaises.

The Orgosolo Laboratory Project est une autre étude de cas présentée ici, riche de photographies, textes, films et objets rassemblés avec le curateur suisse Noah Stolz.
On y parcourt visuellement ce qui fit date en Sardaigne en 1968 dans le village d’Orgosolo, où la population imposa la dissolution du conseil municipal auquel se substitua une assemblée populaire. Une situation inédite d’auto-gouvernance dans l’Italie de l’après-guerre. Sur une photographie sans titre, un jeune homme, poing levé et clin d’œil entendu, célèbre l’événement avec une joie sans mélange. De même le propos de Marco Poloni s’exprime sans détours.

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