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Claudie Laks. Le vouloir ivre de la couleur

Claudine Laks a pris le temps de suivre des chemins buissonniers qui, de la sculpture, en passant par les découpages de grands contreplaqués peints, l’ont conduite à la peinture à laquelle elle se consacre exclusivement depuis une quinzaine d’années et dont ce livre présente les œuvres récentes.

Information

Présentation
Patrick Grainville, Thierry Dufrêne, Gérard Bras
Claudie Laks. Le vouloir ivre de la couleur

Claudie Laks a commencé par étudier la littérature et la linguistique avant d’entamer des études artistiques à l’École nationale supérieure des Beaux- Arts de Paris, ainsi qu’à l’université. Élève de Georges Jeanclos, elle développe pendant plusieurs années une pratique essentiellement sculpturale, orientée vers un questionnement bachelardien de la terre.

En 1989, une exposition à l’atelier Cantoisel, à Joigny, avec Georges Jeanclos marque la fin de la pratique sculpturale de la terre. Durant les années 1990, le volume regagne progressivement la bidimensionnalité. D’abord, à travers une recherche du relief et du fragment: l’argile dans ses différentes matérialités, parfois associée au bois, permet des installations en relation avec le plan du mur.

Ensuite, elle radicalise sa démarche à travers de grands découpages de contreplaqué peints mais réalisés dans un souci à nouveau paradoxalement sculptural: «tailler dans la couleur», pour reprendre la célèbre formule de Matisse, ou tailler dans le plan, c’est aussi sculpter l’espace, le faire résonner.

Cela, Claudie Laks l’avait certes compris devant les découpages de Matisse et de Picasso mais aussi chez Viallat, et lorsque, adolescente, elle visite l’atelier de Brancusi au musée d’Art moderne, avenue d’Iéna, subjuguée par ce qui se passe autour et entre les sculptures. La redécouverte du pouvoir spatial et dynamique de la couleur ainsi que les rencontres et les échanges avec Christian Bonnefoi et Jean-Pierre Pincemin contribuent à orienter et conforter son travail. Ce qu’elle retient de l’un, c’est la manière ludique de travailler dans le plan et la couleur, et chez le second, le geste médium au service de la peinture et le dialogue incessant entre peinture et sculpture.

Actuellement sa peinture de grand format gagne en intensité dans un parti pris chromatique toujours plus dynamique. Ses dernières expositions ont montré à travers la diversité de ses propositions un même souci d’interroger la couleur et de la révéler au travers d’un jeu de strates autant graphiques que picturales.

«Ce qui frappe, c’est la science du trait pur et de la couleur brute. Les nuances, les rapports merveilleux. Tout l’arc-en-ciel à foison, les mailles enchevêtrées à perdre la raison. L’Amazonie des couleurs au lendemain de la mousson. Les superpositions de la genèse, les terrassements successifs, l’étagement des rapidités, les effets de réverbération entre les couches de création. Approfondir, couvrir, révéler l’autre texture. Mille scènes naissent et se perdent dans la matière. Toutes ces triturations sans décoller de l’essence. Sans figurer. Sans abstraire!
(…)
J’ignore pourquoi, à mes yeux, Claudie Laks n’est pas un peintre abstrait. Ses tableaux ne me donnent jamais une sensation d’abstraction. Ils me prodiguent des liaisons et des syncopes de sensations pures. Ce n’est pas non plus un peintre abstrait-lyrique, car il y a chez elle quelque chose de plus radical, de plus primitif. Mais elle n’est pas non plus un peintre brut car elle est conscience accomplie, intuition aiguë de la peinture. On parle beaucoup de gribouillage avec elle. Mais rien pourtant qui relèverait à vrai dire du naturel enfantin, du borborygme ingénu, primaire, d’une maladresse organique, charmante et en devenir. Alors? Si l’on veut à tout prix un qualificatif toujours imparfait, Claudie Laks est un peintre originaire.»
C’est aujourd’hui sauvage, Patrick Grainville (Extrait)

Claudie Laks vit et travaille à Paris et en Bourgogne.

Expositions:
Recouvrement, octobre 2013, AGART Amilly,
Claudie Laks Oeuvres récentes, novembre 2013, Galerie Protée, Paris.