ART | EXPO

Cinema jug

14 Nov - 17 Jan 2015
Vernissage le 14 Nov 2014

Bruno Botella pratique un art polymorphe, allant du dessin (notamment animé) à la sculpture, en passant par la photographie. Son travail se caractérise par une expérimentation sans cesse renouvelée de nouveaux processus d’apparition d’images. Il étudie les possibilités liées aux propriétés des matériaux, leur caractère ductile ou fragile.

Bruno Botella
Cinema jug

Bruno Botella pratique un art polymorphe, allant du dessin (notamment animé) à la sculpture, en passant par la photographie. Son travail se caractérise par une expérimentation sans cesse renouvelée de nouveaux processus d’apparition d’images. Il étudie les possibilités liées aux propriétés des matériaux, leur caractère ductile ou fragile, faisant un usage parfois inattendu de certains matériaux ou supports.

Voici comment Bruno Botella parle des œuvres exposées dans cette exposition et de leur pocessus de fabrication:

Rogue
Enduire deux lentilles de contact d’une solution neutre mêlée à de la scopolamine. La correction visuelle est rendue impossible par la toxicité du verre correcteur. Les hallucinations que provoque la scopolamine sont souvent violentes et peu récréatives pour les amateurs de circonvolutions colorées et de kaléidoscopes. Il s’agit d’hallucinations claires, aussi vraisemblables qu’elle conduisent à une désorientation telle que le sujet croit parler à des individus qui n’existent pas, voient des portes là où se trouvent des fenêtres, trouvent dans un miroir des voies vers d’autres miroirs où se reflète le monde. Les effets secondaires de la scopolamine sont tout aussi violents : tachycardie, constipation, rétention urinaire, dessèchement des muqueuses, mydriase.

Janitor
Manipuler une argile rendue anesthésiante sous l’effet d’une forte dose de lidocaïne. Le travail s’effectue à l’intérieur d’une boite offrant trois ouvertures. Deux suffisamment larges pour y passer les bras et une troisième plus étroite pour évacuer la terre. Les bras invisibles et anesthésiés, pataugent, malaxent, poussent l’argile sans en avoir aucune perception. L’expérience prend fin une fois que les bras retrouvent leurs sensations. La boite est ensuite remplie de plâtre afin de prendre l’empreinte du travail effectué au travers de ce qui peut être considéré comme un sommeil relatif (somnambulisme) ou une amputation chimique.

Jarre d’aspirant
Tronquer et coucher une pyramide. Y pratiquer plusieurs ouvertures et creuser des tunnels tant pour l’œil que pour d’autres organes. Ces méandres sont l’empreinte d’un édifice miniature dissout à l’intérieur de la pyramide. Le labyrinthe ainsi obtenu est une hantise, un réseau de formes négatives, une distribution capricieuse d’angles morts, un travail de projection à rebours. Semblable aux cavités de l’utérus d’une cane, ce dispositif se refuse à la pénétration linéaire et au saisissement immédiat de son plan — les organes doivent se tordre, s’amincir et rouler, devenir des spirales pour arriver à le traverser.

Mangonneau ivre
Estamper l’intérieur d’un casque de maintien de l’ordre avec une substance absorbante (polyacrylate de sodium) capable de multiplier son échelle au contact d’un liquide. Plonger l’empreinte obtenue dans une trentaine de litres de vin rouge pendant plusieurs jours. Une fois suffisamment gorgé d’alcool et grossièrement gonflé, l’objet est émergé de son bain pour être posé au sol. Le temps de son exposition, il se déshydrate et retrouve lentement ses proportions tout en gardant les stigmates de son grossissement.

Ministère (film)
Construire une structure ou plutôt un outil permettant de travailler dans un espace interstitiel. Une série de panneaux en bois est maintenue par des tasseaux insérés entre deux bastaings rainurés. Chaque panneau présente une paire de trous à la face, lesquels sont en vis-à-vis d’autres trous pratiqués dans le mur. L’objet, entre le pilori, la guillotine et la pellicule perforée, induit une pratique aveugle. Les mains chargées de silicone translucide accèdent à l’espace résiduel situé de l’autre côté du mur, une vitrine donnant sur la rue. Le travail se fait dans un espace inaccessible et d’autant plus frustrant qu’il est pratiquement invisible dans le white cube alors qu’il s’affiche pleinement dans l’espace public. Besogne aveugle et amputée d’un côté, mouvements burlesques ou maladresse de zombi de l’autre. La matière est appliquée de sorte à ne jamais sécher, ne jamais devenir un objet.

Fumée le milliard, hors le temps d’y faire main basse
Filmer un travail de pétrissage. Insérer les mains dans deux trous pratiqués dans une planche de sorte à malaxer sans les voir deux pains de pâte à modeler bleue et jaune. Obtenir une masse homogène de pâte verte. Rendre invisible cette couleur en lui attribuant une qualité de transparence maximale sur l’enregistrement vidéo. Les bras façonnent la pâte invisible pour s’effacer et sortir de l’image.

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