LIVRES

Cécile Desvignes

Plans de l’intime. Réinvention d’espaces personnels sur la base de plans d’architecture, entrecroisant rigueur mathématique et imaginaire. En reconstituant approximativement ses appartements successifs, Cécile Desvignes adapte des principes de construction réalistes et objectifs au service d’un travail de mémoire où règne la subjectivité.

— Éditeur : La Box, Bourges
— Année : 2003
— Format : 14 x 24 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : non paginé
— Langue : français
— ISBN : 2-910164-29-2
— Prix : 7,62 €

Montrer la vérité vue
par Cécile Desvignes (extrait de l’entretien avec Pierre-Marc de Biasi)

Depuis quatre ans, comme je me suis consacrée surtout à un travail sur l’espace d’habitation, j’ai essayé de réfléchir de manière un peu systématique sur des mots comme appartement, déménager, angle, mémoire, lieu, échelle, espace, pion, cadastre, etc. Je me constitue une sorte de dictionnaire personnel qui me sert entre autres à justifier certaines déviances apparentes de ma recherche.

Si par exemple j’essaie de dessiner de mémoire un lieu où j’ai habité, je vais aboutir à un dessin que je nomme pion, mais qui ressemble parfois si peu à un plan traditionnel qu’on me dénie le droit de le nommer ainsi. Or, en revenant à la définition exacte des mots – du mot plan en l’occurrence – comme simple représentation plane d’un espace – je découvre que ma démarche n’en est pas complètement éloignée. L’idée des PLANS PLIÉS par exemple produit un petit décalage, une perturbation qui m’intéresse par rapport aux normes de la représentation mais, à ce détail près, la règle du jeu est respectée. Je prends un plan et je le raccourcis physiquement, en le pliant. Deux murs parallèles peuvent être raccourcis. C’est juste une nouvelle règle dans la règle du jeu. Je n’invente pas un nouveau procédé, je décale une procédure.

On ne peut pas dire non plus que mon travail soit conceptuel, même si par certains aspects il ressemble peut-être à ce courant des années 1970. Je m’en sens proche, mais je ne m’en sers pas et je ne me situe pas dans son prolongement. En fait, malgré les apparences, mon travail n’a pas grand-chose à voir avec l’inspiration conceptuelle : il s’agit d’autre chose, où les mots et les concepts n’ont que très peu d’impact sur la genèse de l’œuvre. Mon lexique de travail ne joue aucun rôle dans la conception : je ne cherche et ne trouve les mots adéquats qu’après, une fois l’œuvre réalisée. Ils sont là pour offrir des repères minimums dans cette relation de communication qui s’établit quand je présente mon travail. Mais le travail lui-même tel que je le conçois est absorbé entièrement dans le fait de montrer la réalité, une réalité réduite à l’essence même de l’espace et de sa trace dans la mémoire.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions La Box)

L’artiste
Cécile Desvignes est née en 1973 à Villecresnes, Île-de-France. Elle vit et travaille à Nantes, France.