ART | EXPO

Capturing Time

13 Sep - 08 Nov 2009
Vernissage le 12 Sep 2009

Les diaporamas et les vidéos des six artistes réunis ici traitent la question du temps et certaines notions s’y rattachant telles que la décrépitude, le passage, la répétition ou encore le souvenir.

Christiane Baumgartner, Zarina Bhimji, Katinka Bock, Tacita Dean, Elizabeth McAlpine et Simon Starling
Capturing Time

Kadist Art Foundation présente la première exposition conçue à partir de sa collection. «Capturing Time», d’après un ensemble d’oeuvres sélectionnées par Jeremy Lewison, membre du comité de Kadist, examine la manière dont six artistes traitent la question du temps et certaines notions s’y rattachant.

En tant que thème récurrent dans l’histoire de l’art, la notion de temps a toujours intéressé les artistes : la tradition de la vanité dans les natures mortes, les autoportraits d’un Rembrandt en observant les effets sur son propre visage, ou encore les descriptions de la lumière déclinante dans les tableaux impressionnistes, furent les véhicules de la contemplation du passage du temps.

Au XXè siècle, le film, un medium fondé sur le temps, est devenu un dépositaire naturel de ces recherches. Temps et mouvement sont un binôme indissociable, car le temps est un flot continu. Certains peuvent souhaiter que le temps se suspende, d’autres vouloir voyager dans une période révolue, physiquement ou par la mémoire. L’impermanence de la vie, son rythme implacable et sa tendance à l’autodestruction continuent de préoccuper les artistes.

Dans le film méditatif de Tacita Dean, Baobab, le paysage primitif de Madagascar semble être hors du temps, témoin éternel du caractère transitoire de la vie humaine et animale. À l’heure du numérique, l’utilisation du film noir et blanc est à la fois anachronique et archaïque, medium d’une ère à priori révolue.

On retrouve une certaine mélancolie dans l’oeuvre de l’artiste Zarina Bhimji, dont les films son basés sur son expérience personnelle de réfugiée ayant fui l’Ouganda sous Idi Amin. La photographie Bapa Closed his Heart. It Was Over présente une salle de l’aéroport d’Entebbe, laissée dans un état de décrépitude, et véhicule la mémoire et le désarroi de l’émigrant.

L’utilisation d’une technologie «pauvre» est au coeur du projet de Simon Starling, Autoxylopyrocycloboros. Starling utilise un bateau récupéré au fond du Lac Windermere et transformé en engin à vapeur. L’oeuvre documente sous forme de diaporama une action répétitive d’autodestruction. Des parties de la barque sont en effet brûlées pour générer l’énergie motrice, jusqu’à ce que l’embarcation atteigne un point critique et finisse par couler, retournant au fond du lac.

Les gravures sur bois de Christiane Baumgartner Formation I et II sont dérivées de films d’archive de la Seconde Guerre Mondiale. Après avoir filmé un écran de télévision, l’artiste retouche numériquement ces captations en y appliquant un effet moiré, fixant ainsi l’image suspendue dans le temps. Comme Dean et Starling, Baumgartner emprunte une technologie dépassée, afin de créer une image qui traduise le passage de la technologie au fait main, du mobile à l’immobile et du rapide au statique.

Filmé en noir et blanc en Super 8 – également une technique archaïque, cette fois généralement associée aux films amateurs des années 1960, le sujet de l’oeuvre de Katinka Bock devient sisyphien de par sa répétition absurde et l’impossibilité de l’action présentée: une barque emplie de pierres est irrémédiablement vouée à chavirer et à couler.

L’oeuvre d’Elizabeth McAlpine, 98m (The Height of the Campanile, San Marco, Venice…) utilise également le Super 8. Le film est projeté au mur, à la taille d’une carte postale, comme s’il s’agissait d’un souvenir de famille.

Sachant que le Campanile mesure quatre-vingt dix-huit mètres de haut, McAlpine a utilisé quatre-vingt dix-huit mètres de film en vue d’en réaliser un travelling de bas en haut, faisant du film un équivalent physique de la tour tout autant que son évocation visuelle. Ainsi, la durée nécessaire au visionnage serait une traduction temporelle de la hauteur de la tour, de sa base vers son sommet.

Enfin, le temps est également un concept lié à la notion même de collection, puisque la collection Kadist révèle une histoire de goûts individuels et collectifs à des moments donnés. Kadist Art Foundation a commencé par constituer une collection avant d’ouvrir un espace d’exposition.

Pendant plusieurs années, le fait de collectionner a permis de construire l’identité artistique de la fondation. Exposer une collection revient toujours plus ou moins à faire une sorte d’état des lieux : prendre du recul, regarder en arrière avant de construire l’avenir. La programmation de Kadist et sa collection sont intimement liées – tant à travers le programme de résidences et d’expositions que dans ses choix d’acquisition – et privilégie des points de vues spécifiques.

Ainsi, la première présentation de la collection ne constitue pas une vision d’ensemble mais plutôt l’expression d’un regard particulier. Inviter les membres du comité de Kadist à concevoir des expositions à partir de la collection, permet également de refléter l’identité de la fondation.

A propos du commissaire de l’exposition
Commissaire indépendant et membre du comité de la Fondation Kadist, Jeremy Lewison a été Directeur des Collections à la Tate Gallery. Il organise actuellement une exposition rétrospective des peintures d’Alice Neel pour le Musée des Beaux-arts de Houston, qui sera présentée ensuite à la Whitechapel Art Gallery à Londres et au Moderna Museet de Malmö.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages et catalogues sur l’art moderne et contemporain, incluant des textes sur Jackson Pollock, Barnett Newman, Ben Nicholson, Sol LeWitt, Brice Marden, Anish Kapoor, Shirazeh Houshiary et Christiane Baumgartner. Il vit et travaille à Londres.

Vernissage
Samedi 12 septembre. 18h-21h.

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