ART | EXPO

Capriccio cherche comtesse

15 Mar - 17 Mai 2008
Vernissage le 15 Mar 2008

Dans un esprit évolutif proche du land art, Sarah Tritz propose une oeuvre en constants mouvements. Entre paysage et performance, son installation s’imprègne de son environnement social. Géographie poétique ou caprice musical, la créatrice cultive l’ambiguïté pour mieux laisser à chacun le soin de trouver son propre rythme.

Communiqué de presse
Sarah Tritz
Capriccio cherche comtesse

Dans une volonté d’inscrire Bétonsalon dans son contexte par des projets tenant compte de la situation géographique d’un espace situé au coeur d’un quartier reconstruit,  encore en travaux mêlant architecture industrielle, habitats et commerces, l’artiste plasticienne Sarah Tritz travaillera pendant quinze jours sur place à la réalisation d’une oeuvre d’art composée entre autres matériaux de parpaings et de briques, qui prendra place au sein des murs de Bétonsalon.

L’installation évoluera tout au long de l’exposition, au rythme des changements de paysage observés jour après jour dans le quartier. En effet, Sarah Tritz continuera à travailler après l’ouverture et profitera de l’espace pour développer sa recherche à l’aide des nombreuses ressources environnantes (Université Paris Diderot – Paris 7, travaux de construction, école d’architecture Paris-Val-de-Seine,
magasin Leroy Merlin de Ivry/Seine…) et des visiteurs.

Les pièces de Sarah Tritz se présentent comme des ensembles composites travaillés par un rythme inédit qui à chaque fois leur est propre. Ce rythme, proche de l’humeur, telle une musique intérieure, vient organiser du dedans tout un jeu de formes qui, sitôt sorties de cette organisation bricolée, retourneraient à leur indistinction initiale. Du dehors, l’ensemble peine à s’accorder, rien ne bouge. La vision hésite, on bute, on s’étonne de certaines affinités présumées. Des éléments semblent même jurer.
Du dedans, ils prennent tous place. Une circulation s’impose, le regard trace son chemin et des liens s’animent. Nous sommes invités à éprouver.
C’est que l’ensemble fonctionne de manière organique. Le moteur de ce grand déploiement du vivant est l’imagination. Une imagination épaulée par une volonté d’ordonner. La matière, c’est-à-dire ce qui reste des expériences passées, se compose de toutes sortes de documents, autobiographiques ou fictionnels, c’est selon, et d’objets trouvés, modifiés, fabriqués. Cette matière première mijote quotidiennement pour ensuite être construite et reconstruite au gré des installations nouvellement présentées.

Donner forme à la vie, à sa vie, est une tâche qu’il faut toujours recommencer. En ce sens, on assiste à un déploiement en perpétuelle expansion qui met en branle un réseau dynamique entre un rapport affectif au monde et une exacerbation du ressenti traduit par des formes naviguant sans cesse entre une apparition plate et bidimensionnelle, entièrement vouées à la vue, et la recherche d’une plasticité dédiée au toucher, le tout pris dans un effort de combinaison afin que l’ensemble tienne debout. Les choses se figent. De ce tout, émerge alors à une invitation à réanimer ce jeu de formes qui nous apparaissent de fait comme « à demi mortes ». Après la toute puissance créatrice du jeu, on en appelle à l’autre. Sans cela, rien n’existerait.

Il faut prendre Sarah Tritz au mot. Et le titre l’annonce : elle se place sous le signe du caprice. Qu’est-ce à dire ? Le caprice, ou capriccio, désigne un genre pictural que l’on rattache habituellement au rococo, et dont la particularité est de présenter des paysages parsemés de ruines. Ces ruines sont pour la plupart inventées, tronquées et combinées selon les besoins de composition du tableau, ou simplement reprises d’édifices existants mais toujours replacées dans un contexte de fiction cultivant le goût du bizarre, des associations étranges et fantasques. Finalement, sont toujours peintes des architectures imaginaires. Au premier abord, on croit y voir une ode au passé. Très vite, c’est le sentiment historique qui prédomine, les événements sont filtrés et reformés par l’artiste dont les procédés de transformation n’appartiennent qu’à sa fantaisie. Il semblerait que Sarah Tritz partage quelque air de famille avec le caprice. Mais ne voyons pas là tout un programme. Plutôt une autre musique, l’initiation d’un nouveau rythme en quête de résonances.

Le vernissage se déroulera entre 17h et 21h.

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