ART | EXPO

Camera obscura

12 Déc - 13 Fév 2010
Vernissage le 12 Déc 2009

Un très obscur cliché en couleur et une bande-son suffisamment descriptive et narrative situés dans un réduit de la galerie Xippas: une œuvre de Marcelline Delbecq, comme une nouvelle un peu étrange ou un court métrage à suspens…

Marcelline Delbecq
Camera obscura

D’un côté ceux qui, à l’instar de Vik Muniz, font dans le trompe-l’œil et s’inscrivent dans une tradition qui remonte, sinon à Zeuxis, du moins à la Renaissance italienne et aux artistes décoratifs fascinés par toutes les formes d’illusionnisme. De l’autre, ceux qui, comme Marcelline Delbecq, font dans le pictorialisme photographique…

Dans l’entresol de la galerie, conjointement à l’exposition de Vik Muniz, un petit espace — un réduit — accueille en toute discrétion l’installation de Marcelline Delbecq. L’accrochage est composé, d’une part, d’une photo panoramique en couleur et, de l’autre, de deux petits baffles blancs Bose diffusant en boucle un fond sonore d’un peu moins de six minutes (5’58’’ exactement).

Dans le très obscur cliché, un disque lumineux permet heureusement, en bas et à gauche, de distinguer nettement une petite partie du paysage et, par interpolation, par déduction ou par un travail d’imagination, de se faire une idée du reste de la scène.

Cette trouée symbolise la «lentille de la longue-vue» du dispositif voyeuriste (obsessionnel) censé être celui du spectateur. Le réduit équipé d’un petit banc en bois peut par ailleurs rappeler celui d’un peep-show, d’une cabine d’essayage, d’un cabinet de curiosités — ce confetti dans l’image fait songer au «glory hole» d’un film naturaliste interprété par Marianne Faithfull, Irina Palm.

On n’est pas totalement «dépaysé» dans la mesure où l’on peut observer une rivière coupant une forêt de résineux. De plus, la bande-son est suffisamment descriptive (la voix-off de l’actrice fétiche d’Objectif-cinéma, Elina Löwensohn, évoque la «teinte verte et ocre» du point de vue) et narrative, comme une nouvelle un peu étrange ou un court métrage à suspens.
On se situe plutôt dans un audiovisuel lyrique, mélodramatique, à la Duras (ses interludes Césarée, Les Mains négatives, Aurélia Steiner) que dans un film minimaliste à la Wolman (L’Anticoncept, 1951, à base d’images noires et blanches projetées sur un écran sphérique).

Il est question de peinture, de chevalet, de chute dans la rivière, de baignade… S’agit-il d’un accident ou d’un crime, commissaire?

AUTRES EVENEMENTS ART