DANSE | SPECTACLE

Caída del Cielo

03 Nov - 11 Déc 2016
Vernissage le 03 Nov 2016

Rocío Molina appartient à cette nouvelle génération de danseuses qui réinvente le flamenco. Elle présente au Théâtre National de Chaillot sa nouvelle création, « Caída del Cielo », véritable univers de contradictions.

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Associée au Théâtre National de Chaillot, Rocío Molina y présente son nouveau spectacle, « Caída del Cielo », et nous fait entrer dans un univers de contradictions que trouve à résoudre un flamenco réinventé.

Tradition et invention

 Au cours de ces dernières années, le travail de Rocío Molina a privilégié ces deux grandes orientations que sont la réappropriation de la tradition et l’improvisation. Connaissant parfaitement la tradition du flamenco, elle s’efforce de la moderniser et l’ouvre ainsi à un nouveau public : « Le monde flamenco est un concentré d’un monde riche de savoirs, avec des fenêtres fermées. Nous sommes heureusement quelques-uns aujourd’hui à mettre la tête à la fenêtre ». Rocío Molina fait assurément partie de ce petit nombre. Si elle se nourrit de la tradition, elle n’hésite pas à en effacer les distinctions les plus reçues en mettant en ouvre une recherche technique et stylistique toute personnelle.

Le flamenco obéit traditionnellement à une véritable division des genres et des techniques. Les danseurs doivent maîtriser les mouvements de leurs jambes et la station verticale, les claquements de talons et les rythmes secs. Les danseuses doivent, quant à elles, maîtriser les mouvements des bras ou braceos, les volutes et les ronds de hanches souples. Mais Rocío Molina se situe au-delà de cette stricte partition et donne au flamenco une nouvelle impulsion : « Cela fait grandir le flamenco en développant un langage corporel global beaucoup plus puissant »

A cette réappropriation de la tradition, s’ajoute la volonté d’improvisation qui a pris forme dès 2012 au travers d’un projet chorégraphique intitulé « Danser : c’est ce que vous voulez ? ». Rocío Molina a ainsi donné plusieurs improvisations publiques ou impulsos en collaboration avec des musiciens, des plasticiens, des chorégraphes et des danseurs, notamment au Thêatre National de Chaillot.

Caída del Cielo : de l’équilibre au chaos

« Caída del Cielo » joue des oppositions puisque la première partie de cette pièce est une sorte de soliloque alors que la deuxième se présente tel un dialogue avec les musiciens.

D’abord seule en scène dans un espace entièrement blanc qui évoque la clarté apportée par la lumière, l’infini, et le silence, Rocío Molina personnifie la pureté et l’intensité du flamenco alors que la danse laisse place à des bribes de texte projetés sur son visage. Ici, rien ne vient contrarier la continuité et la fluidité des mouvements de la danseuse.

Cette sensation visuelle d’équilibre ne se retrouve pas dans la deuxième partie du spectacle organisée sous forme de dialogue avec les musiciens José Ángel Carmona ( basse électrique et chant), José Manuel Ramos « Oruco » (percussions), Pablo Martín Jones (percussions, musique électronique), et Eduardo Trassierra (guitares). Harmonie et équilibre des gestes sont véritablement rompus pour le céder à des variations de pieds virtuoses. Sur la scène devenue obscure, le dialogue s’instaure entre Rocío Molina incarnant tableaux et images, et ses musiciens.

Le rythme chaotique qui domine alors exprime la transformation brutale et continue de l’équilibre originel en chaos apparent. Car, au-delà des contrastes visibles entre la lumière et l’obscurité, le silence et le bruit, l’équilibre et le chaos, « Caída del Cielo » se veut ultimement la réunion des contraires, de ces contradictions essentielles que nous vivons tous.

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