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Blitz

Dans les années 1960 de jeunes architectes réagissent contre l’architecture moderne, notamment contre les plans d’urbanisme proposés par les tenants du Style International tels que Le Corbusier. Cette architecture est alors associée au pouvoir politique, c’est-à-dire à la volonté de contrôler les masses. En effet, cet urbanisme tend à la planification, à la gestion et donc à la surveillance maximale du quotidien des classes populaires et moyennes. Chaque lieu —bars, cinéma, etc.— a une place assignée, tout est fixé et établi à l’avance, de telle sorte que rien ne puisse se faire, s’organiser, de manière imprévue.

C’est à cette glaciation de la vie que tentent d’échapper les groupes nouvellement constitués Archigram et Archizoom. Aux structures rigides de l’architecture moderniste, ils opposent des structures évolutives fondées sur des modules combinables à l’infini.
Dans leur optique les bâtiments ne sont plus des unités closes et définies une fois pour toute, mais des ensembles constitués de modules à agencer et ré-agencer au gré des besoins des habitants. Le devenir est opposé à la fixité.

Les travaux de Berdaguer et Péjus s’inscrivent dans cette subversion des structures autoritaires. Plus précisément, les Objets-Hypnotiques présentés à la galerie Martine Aboucaya —des boules de mousse noire reliées entre elles par de petits boudins—, sont des ensembles variables, modulables à l’infini. Posés sur un sofa ou installés dans une vitrine, l’état stable dans lequel ils apparaissent contient toutes les configurations en devenir.

Pour s’en assurer il n’y a qu’à observer les petites sérigraphies accrochées au mur. Chacune d’entre elles figure un agencement possible de ces Objets-Hypnotiques. Pliés et dépliés, ils donnent lieu à toutes sortes de formations.

Dans le même esprit, Maison brûlée donne à voir sur une feuille blanche une tâche aux contours irradiants, en expansion, c’est-à-dire évolutifs.

Parallèlement à ces éloges du devenir, Berdaguer et Péjus proposent une œuvre sarcastique à l’égard de l’architecture moderne (Un habitat minimum). Un homme recroquevillé sur lui-même —du moins sa photographie—, est enfermé à l’intérieur d’une véritable cage en fer. A l’extérieur de la cage un petit homme —encore une sérigraphie— se rit de lui. Ici la dimension carcérale du modernisme architectural est explicitement pointée du doigt.

Christophe Berdaguer et Marie Péjus
— Objets-Hypnotiques, 2009. Mousse, tissu, haut-parleur et lecteur MP3 et 6 tirages numériques. 21 x 29,7 cm chacun.
— Habitat minimum, 2009. 2 tirages numériques, métal, bois. Dimensions variables.
— Maison brûlée, 2009. Papier. 65,50 x 50 cm.