ART | EXPO

Black Light

14 Avr - 21 Mai 2016
Vernissage le 14 Avr 2016

La Galerie Nathalie Obadia présente «Black Light», la première exposition en France de Lu Chao, jeune artiste chinois basé à Londres. Utilisant presque exclusivement le blanc et le noir, les peintures de Lu Chao créent l’illusion de mondes pluriels et infinis. Elles apportent un regard à la fois incisif et poétique sur le pouvoir des foules et la solitude.

Lu Chao
Black light

Lu Chao a toujours été très sensible aux images de foules, qui bousculent l’individu, et dont la dépression, la vulnérabilité et l’impuissance l’ont accompagné en grandissant. Dans le même temps, il a toujours observé avec attention les individus essayant de s’insérer dans ces foules, sachant que lui-même était l’un d’eux. Ainsi, regarder chacun de leur visage était semblable à se regarder lui-même. Lu Chao considère qu’il y a autant d’histoires qu’il y a de visages dans une foule – les histoires d’expériences récentes ou encore des événements sur le point de se produire.

Tous les personnages de ses peintures sont une réponse à chaque inconnu qu’il a croisé au cours de sa jeune existence. A force d’observer chacune de ces personnes qu’il rencontre, Lu Chao établit des conjectures. Bien qu’il cherche avant tout à exprimer le poids et l’incertitude de la vie, il aime se servir de son art pour démontrer que ce qui en constitue la partie la plus ardue en est aussi la plus merveilleuse. Il dit du reste: «On pourrait considérer ce sentiment contraignant, voire désespérant. En réalité, il me remplit d’une infatigable curiosité pour l’avenir, et tout comme l’on admire la beauté du soleil illuminant une forêt luxuriante, une beauté plus mystérieuse émane aussi des zones restées dans l’ombre, car elles sont emplies d’une lumière noire comme le jais.»

C’est avec sa série sur les «foules» – dont les travaux les plus récents sont présentés dans l’exposition – que Lu Chao s’est fait connaître. L’artiste fait apparaître, en quelques coups de pinceaux concis, un large cercle noir ou un gâteau dans lesquels s’amasse un essaim de personnages, portant sa réflexion sur la relation qui lie l’homme à son environnement, considération qu’il place au coeur de ses compositions.

Les personnages de Lu Chao semblent souvent vouloir disparaître, comme annihilés par le poids de la collectivité. Les contradictions manifestées dans son travail déconcertent – la disparition et la présence, la solitude et la communauté, la désorientation et la direction – mais sont profondément ancrées dans la spiritualité zen traditionnelle. De fait, la philosophie chinoise a toujours fait une distinction nette entre les notions de vide et de néant: «Le vide ne signifie pas rien. Il signifie même tout, mais nous ne pouvons pas le voir», explique l’artiste. Par analogie, le plein ne signifie pas nécessairement la présence de quelque chose.

Ce regard particulier sur le pouvoir des foules émane de l’expérience personnelle de l’artiste, dans les transports en commun alors qu’il était enfant en Chine. Après son installation à Londres, il a recentré son travail autour d’une analyse de l’individu au sein de la foule, de l’humain dans le collectif. Le récent corpus d’œuvres présentées dans l’exposition «Black Light» témoigne de ces nouvelles préoccupations. Un regard attentif porté à chacun de ces personnages, révèle que les individus de cette masse semblent à présent refuser la possibilité d’une disparition.

L’artiste oeuvre cependant à créer un climat d’ambivalence et de tension dans son travail, en se jouant des notions de présence-disparition et de soumission-rébellion. Lu Chao ne donnera pas davantage de clés au spectateur sur son oeuvre, pour favoriser la perception et l’interprétation personnelle qu’il pourra en faire.

Cette exposition, la première en France pour l’artiste, est l’occasion d’une véritable découverte: les peintures de Lu Chao déconcertent et prennent leur distance avec la série des «foules». Profond admirateur de la pensée traditionnelle chinoise et de ses peintres parmi lesquels figurent à son panthéon Mu Xi, Ma Yuan et Xia Gui, Lu Chao trouve aussi un système de références dans la philosophie occidentale et dans le travail des maîtres de la peinture européenne, comme Rembrandt.

Singulières compositions aux influences orientales et occidentales, l’oeuvre de Lu Chao est aussi une complexe association d’éléments historiques et traditionnels avec des composantes contemporaines. L’artiste observe ces rapprochements se faire, sans qu’il n’y contribue par un quelconque calcul esthétique.

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