ART | EXPO

Babel

28 Mai - 29 Août 2010
Vernissage le 28 Mai 2010

"Babel" réunit une quarantaine d’oeuvres de la collection du Fonds Régional d’Art Contemporain Auvergne qui proposent un aperçu des divers aspects de la peinture abstraite actuelle.

Silvia Bächli, Martin Barré, Etienne Bossut, Marian Breedveld, Damien Cabanes, Philippe Cognée, Philippe Decrauzat, Jean Degottex, Helmut Dorner, Valérie Favre, Bernard Frize, Gérard Gasiorowski…
Babel

Emprunter la voie de l’abstraction, c’est être animé par des préoccupations étroitement liées au langage. Emprunter la voie de l’abstraction pour un artiste, c’est être dans une posture finalement assez semblable à celle de certains écrivains, compositeurs, réalisateurs… pour lesquels la difficulté consiste toujours à inventer une langue qui leur soit propre.

Cette langue abstraite, ou supposément abstraite, n’est pas toujours accessible au public de manière immédiate ou naturelle. C’est pourquoi la rencontre avec l’oeuvre d’art doit-elle toujours s’exercer dans un certain abandon de ce que l’on croit savoir et, notamment, des habitudes de lectures qui sont les nôtres habituellement.

Et l’on peut même affirmer que cette rencontre, si étrange, si dérangeante parfois, doive s’accompagner d’un processus de désapprentissage: il faut désapprendre à lire, désapprendre à voir, se défaire de réflexes de lectures qui, si ils permettent d’appréhender la réalité, ne correspondent pas nécessairement au langage créé par tel ou tel artiste pour mener ses recherches.

L’art n’a de cesse de proposer de nouveaux modes linguistiques, de nouvelles règles grammaticales, de nouvelles manières de voir. Sans ces expériences permanentes, pas d’Impressionnisme, pas de montage cinématographique, pas d’avancées en musique ou en littérature.

Le mythe biblique de Babylone, qui donne son titre à cette exposition, est en cela une bonne illustration de notre difficulté à appréhender les oeuvres qui nous sont contemporaines.

Dans la Genèse, l’épisode de Babylone est stigmatisé par la décision divine de supprimer la langue unique qui permettait jusqu’alors à tous les hommes de se comprendre et de la démultiplier en une somme de langues étrangères les unes aux autres, pour punir le genre humain d’avoir tenté d’édifier une tour censée atteindre les cieux, semant ainsi la discorde parmi un peuple désormais privé de langage commun.

Apprendre à lire les oeuvres d’art reviendrait alors à accepter la confrontation avec une somme de langues étrangères.

AUTRES EVENEMENTS ART