ART | EXPO

Arthur Rainbow

09 Mar - 14 Avr 2012
Vernissage le 09 Mar 2012

Cette exposition collective rend hommage au sonnet Voyelle, poème phare de la «synesthésie symboliste», et détourne le nom de son célèbre auteur, Arthur Rimbaud. L’occasion de réunir des œuvres dans lesquelles la couleur se pare de vertus transformatives, et acquiert une puissance libératrice voire carrément extatique.

Stéphane Dafflon, Sister Corita Kent, Dorothy Iannone, Pierre Joseph, Rob Pruitt et Lily van der Stokker
Arthur Rainbow

Serait-il permis de recourir au poème phare de la synesthésie symboliste, d’en détourner le nom de son auteur pour intituler une exposition collective qui se propose de réunir des œuvres dans lesquelles la couleur se pare de vertus transformatives?

C’est avec un grand plaisir que l’on rapprochera librement des œuvres dont le point commun est de prêter à la couleur une puissance libératrice voire extatique : qu’elle soit d’essence religieuse (Sister Corita Kent), tantrique (Dorothy Iannone), quotidienne (Lily van der Stokker), formelle (Stéphane Dafflon), franchement caustique (Rob Pruitt), ou encore utilisée à des fins réflexives (Pierre Joseph).

Evidemment c’est aussi avec bonheur que l’on constatera que des messages religieux et militants peuvent être servis par des formes de la publicité et du pop art (Sister Corita Kent), que des formes de plénitude (ainsi le colorfield) peuvent transmettre un effet de malaise (Rob Pruitt), que les couleurs peuvent tout autant assumer pleinement une fonction anecdotique (Lily van der Stokker), que leur utilisation par une artiste peut varier formellement entre les débuts de sa carrière et ses dernières œuvres tout en servant le même propos passionné (Dorothy Iannone), que leur agencement est surtout formel (Stéphane Dafflon). Tout comme le fait que la couleur puisse donner lieu à une lecture (Pierre Joseph).

Sister Corita Kent
Quels qu’en soient les propos et moyens, la couleur aura des vertus à effets multiples, dont le non moindre sera de réunir, sous une banderole, ou devant une œuvre. Le mérite de Sister Corita Kent étant d’avoir réuni les deux. Et puis relire Rimbaud ne fait jamais de mal. Ni contempler de belles œuvres dont les couleurs vous satisfont. Pleinement.

Dorothy Iannone
Les peintures de Dorothy Iannone sont rien moins que tantriques: elles donnent aux expériences personnelles, en particulier la sexualité et à l’amour, une dimension mythologique. L’expérience personnelle acquiert des dimensions universelles. Loin de l’empêcher, elle est la voie à la plénitude.

Pierre Joseph
La série des textes anaglyphes (imprimés par superposition non complète de deux couleurs et que l’on ne peut lire qu’avec des lunettes à couleurs différenciées) de
Pierre Joseph concentrent les recherches sur la perception et sur la signification qui informent toute son œuvre: comment le sens est il attribué aux objets? Leurs usages conditionnent-ils juste leur formes ou bien nos comportements? Ces constatations ne permettraient-elles pas de penser de nouveaux modes d’existence des œuvres? Ici, un texte classique, le sonnet Voyelles de Rimbaud opère un retour anté-réflexif sur son mode de lecture, un texte anaglyphe.

Rob Pruitt
Avec force éclats et maestria – presque avec appétit – Rob Pruitt enchaîne les séries de peinture. Pour une des dernières en date: de larges colorfield paintings sont affublées de maladroits yeux et bouches. Ces peintures deviennent ainsi des contradictions visuelles/performatives: l’expérience de plénitude promise par les grands aplats contemplatifs sans autre objet que leur couleur, est contredite par des «Smiley» timides, maladroits, limite malades.

Lily van der Stokker
L’iconographie familière et anecdotique des dessins et wall-drawings de Lily van der Stokker l’ont rendue reconnaissable immédiatement. Derrière des formes et couleurs désuètes qui tâchaient de tester les limites de la tolérance des excès de la forme dans l’art contemporain, l’artiste développe une œuvre puissamment réflexive sur le statut de l’œuvre d’art. Non plus forte et assurée, celle-ci s’excuse, raconte la famille de l’artiste, ses amis, ses doutes et ses plaisirs quotidiens.

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