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Art & design graphique: essai d’histoire visuelle. 1950-1970. Tome I: Fragments d’Europe

La frontière entre les champs disciplinaires de l’art contemporain et du design graphique est parfois poreuse, traversée par des objets hybrides, des œuvres de l’entre-deux. Dans cet ouvrage, Benoît Buquet se penche sur les œuvres de ce corpus mixte, au sein duquel s’est construite une histoire partagée, faite de rencontres, de rapprochements et de défiances.

Information

Présentation
Benoît Buquet
Art & Design Graphique: essai d’histoire visuelle. 1950-1970
Tome I: Fragments d’Europe


Ce premier tome du nouveau titre de la collection «:T» se penche sur un corpus artistique rare du milieu du XXe siècle.

Cette étude brillante et accessible, issue d’une thèse, est née d’un trouble, d’une difficulté à situer certains objets visuels aux frontières entre deux champs disciplinaires: l’art et le design graphique. L’interrogation d’un corpus mixte explique comment s’est construite une histoire partagée, avec des phases de rencontre, de rapprochement ou de défiance.

L’auteur s’intéresse d’abord à la pratique artistique du décollage, principalement à travers une analyse inédite du travail de Raymond Hains et Mimmo Rotella, pour ensuite se pencher sur l’existence d’une liquidité optique et typographique.

Il se concentre par la suite sur les relations entre la France et la Pologne. L’étude du contexte polonais et du développement d’un affichisme d’auteur, notamment autour de la figure d’Henryk Tomaszewski, conduit à s’intéresser attentivement au parcours du graphiste Roman Cieslewicz.

«Entre 1890 et 1910, le graphisme prend un essor considérable en Europe et notamment dans cette nouvelle Vienne repensée autour de la Ringstrasse. Les démarcations entre les arts se brouillent et le fantasme d’un déploiement total infiltre tous les domaines: typographie, mobiliers, tissus, timbres, billets de banque en portent la marque. Les visuels des expositions sécessionnistes restent aujourd’hui des emblèmes d’une culture de l’affiche. Sur les pages de la revue Ver Sacrum (1898-1903) cohabitent d’incroyables viviers de formes végétales et géométriques dans une conscience de la lettre et de la mise en page qui dépasse l’Art Nouveau et préfigure Wiener Werkstätte.

De tels exemples rappellent que le design graphique ne prend pas seulement forme au sein des avant-gardes modernistes radicales du XXe siècle, mais s’individualise peu à peu en ce XIXe siècle finissant, entre symbolisme et modernité, “entre pessimisme historique global et réformisme esthétique”. La conscience du rôle architectonique des vides et de l’audace des patterns de certains imprimés sécessionnistes viennois continuent de fasciner aujourd’hui. Ils interrogent sur ce qu’exprime ce graphisme contemporain de Freud et Wittgenstein, si on l’envisage, dans une visée à la Riegl, “comme surface visible enregistrant [registering] les mouvements du temps historique”, Michael Gubser insistant récemment sur cette volonté de Riegl de “traiter l’art comme la surface visible du temps”.»
Benoît Buquet

Sommaire
— Introduction. Toute pensée émet un coup de dés
— D’un affichisme, l’autre
— L’image entre déchirure et liquidité
— L’affichiste désafficheur
— Une expérience italienne
— De l’optique au typographique
— Pologne, France, Panique
— Le design graphique polonais conduit par une affiche moteur de son «artialisation»
— Roman Cieslewicz, un Polonais en France
— Un graphiste dans le Panique
— Conclusion
— Index des noms propres