ART | CRITIQUE

Arnaud Vasseux, Pierre Weiss

PMagali Lesauvage
@20 Sep 2007

Arnaud Vasseux expose à la galerie ColletPark «un aileron + deux dessins au savon + dessin flaque», à côté de Pierre Weiss. Chacun attire l’attention du spectateur, le premier dans un rapport sensuel à l’œuvre, le second dans une démarche plus froide.

Arnaud Vasseux, artiste vivant à Marseille, expose à la galerie ColletPark «un aileron + deux dessins au savon + dessin flaque». L’ensemble s’intitule Froth (écume), et emprunte au phénomène de l’écume la notion de trace involontaire laissée par le phénomène naturel.
Deux grands dessins apparaissent comme des compositions abstraites ponctuées de disques et mouchetées de taches noires. La technique employée est celle de bulles d’eau savonneuse mélangée d’encre, que l’artiste a laissé flotter au-dessus de la feuille de papier, avant de les laisser s’écraser une à une sur le support.
En résultent ces formes rondes, obtenues grâce à un jeu de hasard évoquant la démarche esthétique asiatique, où le rôle de la nature et de ses hasards est majeur (comme par exemple dans la céramique raku, où les incidents de cuisson font partie du processus de création de l’œuvre). Ainsi Arnaud Vasseux crée-t-il la «trace d’un phénomène physique qui a lieu en trois dimensions».

Un autre dessin a été obtenu par une technique complexe d’impression d’une flaque d’eau encrée sur la feuille de papier. Evoquant la manière dont Yves Klein obtenait des « empreintes de nature » en laissant en plein air une feuille sur laquelle les éléments météorologiques venaient se déposer, Arnaud Vasseux, en tant qu’artiste, prépare l’avènement de l’œuvre, et laisse à la nature le choix définitif de la forme.
Fin (aileron) est une sculpture, dont, a priori, le processus semble issu de l’industrialisation. Constituée de granules de plastique emprisonnées dans du polyester, l’œuvre surgit à la surface du sol, et surprend le visiteur par l’aspect menaçant que la forme de la nageoire provoque. Forme dynamique, Fin est aussi une œuvre zoomorphe qui évoque la nageoire du requin, et les peurs inconscientes que cette «apparition» suggère.

Pour Pierre Weiss, l’œuvre est un repère. Ici vous êtes est une installation énigmatique: sur une table recouverte d’un drap blanc, une structure en acier, recouverte d’une laque non homogène, est placée devant du plastique tendu sur le mur. L’objet sur la table apparaît à première vue comme une maquette d’architecture. Son aspect est peu agréable, mais la signification de ces cases qui le composent intrigue. L’artiste emploie le plastique, dont il a recouvert le dessin exposé, Ne dégage pas de gaz nocifs ou de substances corrosives, comme autrefois on vernissait un tableau, non seulement pour le protéger (ou, ici, en protéger les autres), mais aussi pour en raviver les couleurs et les contours. Tracé d’une main nerveuse grâce, sembe-t-il, à plusieurs feutres tenus en même temps, le profil d’un personnage jouxte une architecture ici encore à cases. Le dessin s’oppose à la perfection industrielle d’une lettre d’imprimerie, un beau R jaune orthonormé. Le titre de l’ensemble, Another Friend Who Complains of Feeling Short of Breath and Panicky, révèle l’angoisse présente dans l’œuvre.

Arnaud Vasseux
— Fin, 2006-2007. Granule plastique, fibre de verre, polyester. 114 x 120 x 7 cm.
— Sans titre 2007. Papier, encre, savon. 118 x 79 cm.
— Ici vous êtes, 1993-2007. Metal, plastique, tissu, bois, laque, aluminium. Dimensions variables.
— Another friend who complains of feeling short of breath and panicky, 2007. Dessin sur papier, film plastique, métal, acrylique latex. 122 x 180 cm.

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