ART | EXPO

Animal politique

22 Juin - 04 Déc 2010
Vernissage le 19 Juin 2010

Les artistes de cette exposition recourent à la figure de l’animal pour créer des allégories sur la bestialité de l’humain et teignent de sauvagerie leurs propositions critiques.

Olivier Babin, Biefer/Zgraggen, Michel Blazy, Mircea Cantor, Wim Delvoye, Jean Dieuzaide, Carsten Höller, Jean-Charles Hue, Pierre Joseph & Phillipe Parreno, Regine Kolle, Oleg Kulik, Natacha Lesueur, Claude Lévêque, Les Levine, Mario Merz, Jean-Michel Othoniel, Bojan Sarcevic, Alain Séchas, Bruno Serralongue, Jim Shaw, Ernest T., Taroop & Glabel
Animal politique

L’exposition « Animal politique » est constituée d’une trentaine d’oeuvres résultant d’un choix dans la collection du Frac Poitou-Charentes augmenté d’apports des Frac Pays de la Loire et Limousin ainsi que- d’emprunts aux galeries Michel Rein, Paris, et Semiose galerie-éditions, Paris.

Représentative de la grande diversité des mediums utilisés aujourd’hui par les artistes, esthétiquement éclectique, indifférente à tout académisme animalier, l’exposition Animal politique propose des oeuvres qui impliquent métaphoriquement la figure animale dans une pensée de l’humanité et de notre société.

Depuis les origines caverneuses de l’homme, l’observation, la représentation et la mystification de l’animal accompagnent son exploitation.

Mangeant sa chair, utilisant ses tissus, gobant ses oeufs, buvant son lait, s’adjoignant sa force physique, expérimentant ses réactions physiologiques, l’humanité prospère «sur son dos».

Mieux, par ses cosmogonies, mythes, croyances, rituels, légendes, contes, fables, l’humain n’a eu de cesse de recourir à cette figure symbolique pour édifier ses civilisations, générant ainsi, au fil des âges et au gré des régions, une gigantesque geste paradoxale où l’humain se définit aussi bien par la revendication de sa parenté à l’animal que par le marquage de sa différence.

Tour à tour modèle et repoussoir, l’animal qualifie l’humain dans son individualité d’être vivant ou comme membre d’une communauté sociale.

Si pour Aristote, «la cité est au nombre des réalités qui existent naturellement et (…) l’homme est un animal politique», si Diogène le Cynique prône l’individualisme, l’insoumission aux us et coutumes et l’ascétisme qu’il reconnaît aux bêtes, les artistes dont les oeuvres constituent l’exposition Animal politique, tour à tour, recourent à l’animal dans les allégories métaphysiques qu’ils proposent, insistent sur l’animalité de l’humain, et teignent de bestialité leurs propositions critiques.

L’animal concourt à l’élaboration de vanités dans les oeuvres d’Olivier Babin et Michel Blazy; il participe d’une évocation symboliste de la sexualité chez Jean-Michel Othoniel; il qualifie un être au monde inquiet dans l’oeuvre de Mario Merz et d’une fruste grandeur dans la photographie de Jean Dieuzaide.

Bojan Sarcevic éprouve la Théorie de la religion de Georges Bataille et son idée de l’immanence animale alors que Mircea Cantor transcende, et essentialise en la citant, la performance de Joseph Beuys I like America and America likes me.

Echo de l’imaginaire enfantin ou véhicule symbolique d’une utopie, l’animal, impliqué dans les scènes qu’il photographie, contribue à l’indétermination féconde des prises de vues de Bruno Serralongue.

Au naturisme apaisé évoqué par Oleg Kulik dans sa série photographique My family, or nature is perfect, répond le recourt cosmétique au produit animal envisagé par Natasha Lesueur.

La pensée des animaux de Carsten Höller offre une vision cruelle des jeux de séduction et de leur ritualisation alors que les dessins de Jim Shaw font apparaître dans des situations pathétiques nos superhéros aux pouvoirs tirés d’une animalité fantasmée.

Par ses peintures désinvoltes, Regine Kolle expose l’inharmonie violente des relations de l’humain et de l’animal.

Usant de semblables moyens, Alain Séchas recourt métaphoriquement à la figure animale dans un cinglant commentaire des relations sociales.

Biefer/Zgraggen singent une anthropologie à rebours et déjouent le mythe du bon sauvage alors qu’Ernest T. initie un échange culturel autour d’un élément du bestiaire rituel d’Afrique centrale.

Les affichages photographiés de Les Levine pointent, par la force suggestive de l’imagerie animalière, nos aliénations contemporaines.

Jean-Charles Hue filme au plus près El Puma, prédateur en campagne électorale.

Wim Delvoye, en un raccourci sanglant, facture notre opulence. Quant à Pierre Joseph & Philippe Parreno, Taroop & Glabel et Claude Lévêque, ils expriment avec la sensibilité qui leur est propre, la cruauté de notre société et son cynisme, qu’éventuellement, ils font leur.

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