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American Night, 1998-2003

05 Sep - 28 Oct 2006

Le photographe Paul Graham présente sa série «American Night», une histoire autour de la vision périphérique, la vision trouble et les positions avantageuses. Il montre ce que notre vision occulte, ce qui nous échappe.

« American Night, 1998-2003 » de Paul Graham

Depuis le milieu des années 1980, Paul Graham a produit des travaux photographiques qui ont exploré les frontières entre l’art et la politique. Dans sa dernière série, «American Night», il photographie les pauvres et les exclus qui peuplent les paysages urbains des Etats-Unis. Sa chronique de la vie américaine est le reflet des bouleversements et du stress, de vies passées dans une solitude profonde. Graham photographie ses sujets comme à travers les yeux de quelqu’un presque atteint de cécité. Se détachant sur des fonds de détritus de la rue, entrevus à travers un brouillard laiteux, ses personnages sont des fantômes évoluant dans un monde agonisant.

«American Night» est une histoire autour de la vision périphérique, la vision trouble, floue et les positions avantageuses. «American Night» n’est pas une simple critique de la perte et des dégâts urbains. Parsemées parmi ses images blanchies et oniriques des pauvres exclus et errants des Etats-Unis, se trouvent les photographies en couleur des maisons américaines. Graham nous rappelle que la vision du photographe est partielle. En s’éloignant de quelques pâtés de maisons des taudis sordides on se retrouve dans un paradis verdoyant.

Il rend ces photographies faciles à regarder, un festin visuel. Par contre, il est difficile de déchiffrer les photographies blanches, les silhouettes diminuées se meuvent autour du mobilier urbain et des voitures garées et disparaissent presque au milieu des devantures des fast-foods. Et alors que nous pensions avoir trouvé la logique qui régit cette mémorable collection de photographies, (images délavées de pauvres, stylisation aboutie des luxueuses habitations), Graham nous conduit de nouveau vers une fausse voie. Il insère une section de photographies documentaires ; des images d’américains pauvres et démunis, qui défient notre époque, qui sont riches, sombres et qui regorgent d’énergie autant que les image blanches sont léthargiques.

En ces temps critiques de l’histoire d’après-guerre de l’Amérique, Paul Graham fait des photographies qui ont à voir avec ce qui n’est pas vu, l’incompréhension, et un monde fracturé. Il crée des images que nous voyons comme les personnages aveugles du roman de Saramago verraient le monde, imprime des textes qui ne peuvent être lus ; il annonce la perte de la vision, l’abandon de la clarté.

Val Williams, in American Night, Paul Graham, Edition steidlMack.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Nicola Marian Taylor sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

American Night

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