ART | EXPO

Aires austères

17 Jan - 14 Mar 2015
Vernissage le 17 Jan 2015

En mêlant poésie et engagement social, l'œuvre de Sven’t Jolle aborde les ambiguïtés du monde occidental et du libéralisme. A l’ère des politiques de rigueur, l’artiste convoque la figure ancestrale de la mère à l’enfant comme première cellule identitaire familiale, culturelle et sociétale, évoquant un modèle social de solidarité précarisé.

Sven ‘t Jolle
Aires austères

Avec Sven ‘t Jolle, soyez assurés d’éviter le chic et les poncifs. Depuis plus de vingt ans, l’artiste belge développe une production singulière liant recherches formelles et critique sociale. Il explore les possibilités d’une sculpture contemporaine figurative, de la statuaire au ready-made, du monument à l’installation, citant tout autant une histoire occidentale de l’art moderne que les arts premiers.

Dans ces mouvements de liaisons et métissages, ambition esthétique et engagement politique sont indissociables. L’exposition «Aires austères» plante le décor. Si nous supposions que l’espace circonscrit d’une exposition puisse être une aire de jeu, de repos ou de loisirs pour un spectateur à rassurer ou séduire, Sven ‘t Jolle nous suggère que la présentation de ses Å“uvres est entendue sans effets factices ou agréments aguicheurs.

A l’ère des politiques de rigueur, l’artiste convoque la figure ancestrale de la mère à l’enfant comme première cellule identitaire familiale, culturelle, sociétale, ici et maintenant allégorie d’un modèle social de solidarité précarisé. Associés aux sculptures échelle 1 de plâtre et de résine, le wall painting, grille graphique structurante et grillage contraignant, les dessins exploratoires ou l’installation souterraine dédiée au lieu sont autant d’éléments de syntaxe du langage de l’artiste.

«Aires austères» recompose le projet «Mères austères/Austerity mums», exposition personnelle récente au BBB centre d’art de Toulouse. Point de douceur, de puissance ou d’épanouissement dans les effigies féminines exposées de nouveau à la galerie Laurent Godin. Les canons d’une Vierge de tendresse ou d’une antique et fertile déesse mère s’effacent devant des expressions contemporaines en crise, reprises de sculptures des années 1930 de Christoph Voll et Julio Gonzales, qui offrent la possibilité d’une représentation dans la sphère publique d’oubliés et invisibles de la démocratie.

Depuis sa dernière exposition en 2009 à la galerie, «Casse-toi alors pauvre canard! (ou faites payer la crise aux retraités, aux handicapés et aux employés)», Sven ‘t Jolle constatait que le nombre de billionnaires a doublé dans le monde. Au sous-sol de la galerie, les hiératiques Stock idols érigées à la gloire des marchés financiers, semblent
être les artéfacts d’une ancienne civilisation prospère, dont la chute fut provoquée par une folle et absurde accumulation de richesses et concentration financière.

Les Å“uvres de Sven ‘t Jolle ne protègent pas du fracas du monde, dans une résistance aux pensées dominantes — de l’art, de l’économie; mais aussi dans une ouverture sur un monde pluriel, ouvert et relié.

Cécile Poblon

Sven ‘t Jolle est né à Anvers en 1966. Il vit et travaille à Melbourne, Australie.

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